
"J'écris ton nom" Les jeunes d'Europe de l'Est vivent la liberté postcommuniste à fond de train par Renée Larochelle L'effondrement du communisme, en 1989, a porté un dur coup au système d'éducation en vigueur dans les pays socialistes d'Europe de l'Est. En Roumanie, par exemple, certaines écoles qui bénéficiaient du soutien financier de l'État n'ont pas survécu et ont dû fermer leurs portes. D'autres ont continué à fonctionner, grâce à la débrouillardise de certains directeurs d'école qui ont décidé de diversifier les programmes d'études - jusque là très homogènes - et d'en faire la promotion auprès des élèves, du jamais vu dans un pays socialiste. En même temps, l'intérêt des jeunes âgés de 15 à 18 ans pour l'école a diminué et le taux de décrochage chez ce groupe a augmenté en flèche. Le passage au capitalisme a aussi ébranlé beaucoup d'entreprises qui n'ont eu d'autre choix que de fermer leurs portes, mettant au chômage un grand nombre de jeunes dans la vingtaine
Ce sont ces nouvelles tendances qu'a dégagées, entre autres, Mircea Vultur, professeur à l' Institut national de la recherche scientifique (l'INRS) et titulaire d'un doctorat en sociologie de l'Université Laval, lors d'une conférence sur le thème "Nouveaux libres, nouveaux Européens. Quelques réflexions sur la situation des jeunes en Europe centrale et orientale", le 9 décembre, au pavillon Charles-De Koninck.
"À cause des difficultés d'accès au logement, beaucoup de jeunes continuent d'habiter chez leurs parents. Les jeunes hommes, surtout, attendent d'avoir un bon emploi avant de quitter leur famille. Par ailleurs, ils adhèrent fortement aux valeurs véhiculées par le modèle américain, comme l'individualisme et la réussite financière et sociale. Pour atteindre leurs objectifs, plusieurs n'hésitent pas à travailler douze à quatorze heures par jour. Ils vivent beaucoup de pression et ils sont convaincus que la réussite a un prix."
Selon Mircea Vultur, les grandes gagnantes de cette transition plutôt difficile vers une économie de marché sont les femmes, dont la majorité occupait des emplois dans la fonction publique et dans le commerce de détail, deux secteurs n'ayant pas trop souffert du changement de régime. Et si les femmes sont moins enclines à convoler en justes noces qu'avant, le taux de divorce, lui, est en augmentation. Les "valeurs occidentales" auraient-elles donc envahi les pays de l'Est? "Les jeunes qui ont entre 15 et 20 ans aujourd'hui parlent de la chute du communisme comme de la Deuxième Guerre mondiale, dit le sociologue. Pour eux, cette époque fait vraiment partie du passé. Ils sont prêts à aller de l'avant, malgré les obstacles."
Fait à noter, ces jeunes accordent une grande crédibilité aux institutions religieuses. Dans leur quête d'identité et de valorisation, ils trouveraient dans la religion des repères moraux aptes à les guider sur la voie de cette nouvelle existence s'ouvrant à eux. Car il s'agir bel et bien d'une nouvelle existence, après des décennies d'un régime athée coercitif qui aura finalement contribué à l'augmentation du pouvoir des églises. Dans ce contexte, la religion devient "une ressource libre" qui aide les personnes à se réaliser.

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