
Une fille dans le ring Ariane Fortin-Brochu se prépare pour les Championnats du monde et les Jeux panaméricains par Yvon Larose L'année 2004 aura été une période faste pour Ariane Fortin-Brochu, étudiante au baccalauréat intégré en langue française et rédaction professionnelle et membre de l'équipe nationale du Canada de boxe olympique féminine. Entre janvier et novembre, elle a pris part aux Championnats canadiens ainsi qu'à trois tournois à l'étranger (États-Unis, Italie, Taiwan). À chaque occasion, elle est rentrée chez elle avec la médaille d'or. Elle a aussi livré deux combats en Pologne au sein de l'équipe canadienne. En un peu plus de trois ans, son dossier s'établit à 34 victoires et seulement trois défaites. Le combat qu'elle a le plus apprécié en 2004? Celui de la finale de la catégorie des 70 kilos du Tournoi invitation international de Hualien, à Taiwan, fin novembre, contre une Australienne. L'affrontement s'est terminé par le compte de 29 points à 20 en faveur de la Québécoise.
"Mon adversaire était gauchère, comme moi, explique Ariane Fortin-Brochu. Techniquement, ce ne sont pas les mêmes stratégies qu'avec une droitière. Je l'ai trouvée bonne boxeuse, avec de la technique et de l'expérience. Ça a été un bon combat technique, pas une bagarre où on échange coup pour coup." La boxeuse québécoise a maintenu le même rythme durant les trois rondes réglementaires. Dans les deux dernières rondes, sa stratégie a consisté à "couper le ring". "Je me plaçais au centre et je forçais mon adversaire à se déplacer le long des câbles, ce qui prend beaucoup d'énergie." À cause d'un film Sportive depuis son enfance, Ariane Fortin-Brochu a découvert la boxe par le film La pugiliste. Lancé en 2000, ce film raconte l'histoire d'une jeune New-Yorkaise d'origine latino-américaine qui devient accro de la boxe. "La boxe féminine m'a allumée parce que c'était original, parce que ça sortait de l'ordinaire, dit-elle. J'aime un peu me démarquer comme ça. Une chose qui a joué un peu est que j'étais adolescente et que j'étais encore dans ma phase rebelle! Et deux de mes amis masculins pratiquaient ce sport. Le déclic s'est fait en voyant des gens s'entraîner dans un petit local situé dans un sous-sol." Il lui restait cependant à convaincre ses parents. "Ils ne voulaient pas du tout!, raconte-t-elle. Mais ils voyaient que j'aimais ça. J'ai réussi à les convaincre de me laisser faire un combat de démonstration."
Ce qui n'était qu'un plaisir devient rapidement une passion. Aujourd'hui, Ariane Fortin-Brochu s'entraîne quatre à cinq fois par semaine au Club de boxe olympique de Lévis et elle fait régulièrement de la course à pied et de la natation. "La boxe m'apporte plus de satisfaction que les sports d'équipe parce qu'elle donne, comme sport individuel, une plus grande part de responsabilité, autant dans la victoire que dans la défaite. Ce sport me permet de connaître ma vraie valeur et de me surpasser." Aux dires de son entraîneur, la boxeuse de Saint-Nicolas se comporte intelligemment sur le ring. "Ma force première est la stratégie, souligne-t-elle. J'ai aussi une belle technique. Je suis plus une contre-puncheuse." Donner et recevoir des coups La boxe féminine nord-américaine a vu le jour au début des années 1990. En boxe amateure, les femmes font trois rondes comparé à quatre pour les hommes. Si les amateurs nord-américains utilisent beaucoup le style "batailleur" où l'on échange coup pour coup, les Européens ont davantage tendance à boxer de loin. Chez les amateurs comme chez les professionnels, on donne et on reçoit des coups, au visage comme au corps. Mais l'aspect sécuritaire est plus présent chez les amateurs, notamment par le port du casque. De plus, les entraîneurs, le médecin et l'arbitre peuvent en tout temps mettre fin à un affrontement. "La boxe amateure se distingue aussi par le fait qu'il faut marquer des points en touchant la cible, explique Ariane Fortin-Brochu. C'est pourquoi l'agressivité caractéristique de la boxe professionnelle, dont l'objectif ultime est la mise hors de combat de l'adversaire, est remplacée ici par l'esprit de compétition. La boxe amateure est vraiment un sport. D'ailleurs, beaucoup de filles très féminines vont boxer et ça ne paraîtra pas du tout."
Son modèle chez les boxeurs est Lucian Bute, un Montréalais d'origine roumaine. Fiche: neuf victoires, toutes par mise hors de combat, et aucune défaite. "Il est gaucher comme moi, dit-elle. Il est sérieux et particulièrement doué sur le plan technique. Il va devenir champion du monde, c'est certain. Il a le talent pour ça." Trois grands défis attendent Ariane Fortin-Brochu en 2005: les Championnats canadiens, les Championnats du monde et les Jeux panaméricains.

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