
La méningite jugulée
La campagne de vaccination de 2001 a prévenu
une centaine de cas et une quinzaine de décès
par Jean Hamann
La campagne de vaccination menée au Québec en
2001 pour contrer l'épidémie de méningite
a assuré une excellente protection aux jeunes de 2 mois
à 20 ans. "Le taux d'efficacité du vaccin
a atteint 97 % et le nombre de cas prévenus dans l'année
qui a suivi la campagne de vaccination est probablement de l'ordre
de la centaine. Connaissant la gravité des infections
causées par le méningocoque du sérogroupe
C - 15 % des personnes infectées en meurent et 15 % de
celles qui survivent en gardent des séquelles -, ces résultats
sont remarquables", commente Philippe De Wals, directeur
du Département de médecine sociale et préventive.
Le professeur De Wals et ses collègues Geneviève
Deceuninck, Nicole Boulianne et Gaston De Serres publient, dans
l'édition du 24 novembre du Journal of the American
Medical Association, les conclusions de leur évaluation
de la campagne de vaccination contre le méningocoque de
sérogroupe C menée en 2001 au Québec.
On se souviendra que 40 cas de méningite causés
par une infection au méningocoque du sérogroupe
C avaient été rapportés au Québec
entre janvier et juin 2001, causant huit décès.
En réponse à cette épidémie, le ministère
de la Santé du Québec avait lancé une vaste
opération de vaccination, dont le coût a dépassé
100 M$, qui visait tous les jeunes âgés de 2 mois
à 20 ans. Au total, 1,6 million de jeunes, soit 82 % du
groupe cible, avaient alors reçu le vaccin conjugué,
développé en Grande-Bretagne et utilisé
pour la première fois en Amérique du Nord.
Un vaccin plus efficace
L'analyse du registre des maladies à déclaration
obligatoire, effectuée par les chercheurs, a révélé
que, pendant l'année qui a suivi la campagne de vaccination,
seulement un cas causé par le méningocoque du sérogroupe
C a été rapporté chez les jeunes qui avaient
reçu le nouveau vaccin conjugué, contre 7 cas chez
les jeunes non vaccinés. "Le vaccin conjugué
montre un taux d'efficacité (97 %) nettement plus élevé
que le vaccin utilisé précédemment au Québec
(74 %)", observe Philippe De Wals.
Selon les chercheurs, les résultats obtenus au Québec
concordent avec ceux observés en Grande-Bretagne et permettent
d'affirmer la supériorité du nouveau vaccin conjugué
par rapport à l'ancien vaccin. "Le bilan de la campagne
de vaccination de 2001 va faciliter l'homologation de ce nouveau
vaccin dans de nombreux pays, notamment aux États-Unis",
croit Philippe De Wals. Au Québec, ce vaccin fait désormais
partie de la couverture vaccinale recommandée et il est
administré aux enfants lorsqu'ils atteignent l'âge
d'un an. Le coût de ce programme est d'environ 2 M$ par
an.
"Nous ne savons pas encore quelle sera la durée de
la protection de ce nouveau vaccin et une étude a été
entreprise, au Québec, pour répondre à cette
question, souligne le professeur De Wals. Par ailleurs, des vaccins
actifs contre d'autres sortes de méningite sont en développement
et ils pourraient être disponibles dans un proche avenir".
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