
"Les cégeps doivent demeurer"
Paul Gérin-Lajoie continue à prôner une
éducation de qualité pour tous et une éducation
adaptée aux individus
par Yvon Larose
"Dans certains milieux, on veut mettre en cause l'existence
même des cégeps. Je réponds de façon
claire et nette que les cégeps doivent demeurer, car ils
sont un élément essentiel du système d'éducation,
comme un lien indispensable entre l'école publique primaire
et secondaire, et l'université au niveau de l'enseignement
supérieur. Le cégep fournit cette période
de transition essentielle où les jeunes acquièrent
une maturité nouvelle." Paul Gérin-Lajoie,
premier titulaire du poste de ministre de l'Éducation
du Québec (MÉQ), a fait cette déclaration
le jeudi 18 novembre lors d'un dîner organisé en
son honneur au pavillon Alphonse-Desjardins par la Faculté
des sciences de l'éducation et la Faculté des sciences
sociales. Ce repas s'inscrivait dans un ensemble d'activités
visant à rendre hommage à l'ancien ministre à
l'occasion du 40e anniversaire de la création du MÉQ.
Organisées par la Fondation du patrimoine laurentien avec
la collaboration, notamment, du bureau du premier ministre du
Québec et de l'Université Laval, ces activités
se sont déroulées les 17 et 18 novembre. Un décret
gouvernemental avait nommé Paul Gérin-Lajoie ministre
honoraire de l'Éducation durant ces deux journées.
Dans sa brève allocution, Claude Simard, doyen de la Faculté
des sciences de l'éducation, a présenté
Paul Gérin-Lajoie comme l'une des figures marquantes de
l'histoire du Québec. "Il a, dit-il, contribué
à donner accès au savoir, à la culture et
à l'éducation à l'ensemble de la population
francophone." Selon le doyen Simard, le passage de la formation
des maîtres aux facultés des sciences de l'éducation
nouvellement créées a eu des effets bénéfiques
énormes. Sur le plan social, par exemple, la profession
d'enseignant s'est trouvée valorisée.
Un chef d'équipe
Paul Gérin-Lajoie a occupé son poste de 1964
à 1966. Dans l'accomplissement de sa réforme, il
dit n'avoir été que le chef d'une équipe
composée de bon nombre de personnes qui, elles, ont été
les artisans actifs, chacune à leur manière, de
la Révolution tranquille dans le domaine de l'éducation.
Selon lui, faire passer le Québec d'alors, archaïque
et rural, à la modernité, impliquait de faire une
grande place à l'éducation. "Il fallait, explique-t-il,
transmettre aux jeunes ce désir de développement
intellectuel, mais aussi une capacité de recherche pour
créer le Québec nouveau. Ne pas faire un Québec
qui soit le produit de formules importées d'Europe ou
des États-Unis. Mais que le Québec d'aujourd'hui
soit vraiment une création québécoise ouverte
sur le monde."
Paul Gérin-Lajoie croit que les objectifs qui animaient
son ministère à ses débuts ont conservé
toute leur pertinence, soit l'accès universel à
une éducation de qualité et une éducation
adaptée aux individus. Selon lui, l'école ne doit
pas être un moule dans lequel on fait entrer les jeunes
pour les voir ressortir avec des caractéristiques uniformes.
"Leur passage dans une institution d'enseignement doit leur
permettre de développer une personnalité en contact
avec tous ceux qui ont construit le monde depuis des millénaires",
affirme-t-il. Quant à la réforme entreprise au
milieu des années 1960, elle est loin d'être terminée.
"Elle doit, dit-il, se poursuivre et s'accomplir de façon
permanente, sans révolution quotidienne, mais avec un
esprit qui remet en question l'état des choses. C'est
comme ça qu'on assure le progrès."

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