La vraie vie de Rouslan Kats par Renée Larochelle "Est-ce que je peux mourir sans avoir lu Shakespeare ou Tchekhov?" Cette question, Rouslan Kats se l'est posée à chaque fois que venait le temps de présenter un projet de pièce à la troupe de théâtre Les Treize ou encore d'auditionner pour un rôle. Depuis 2001, année qui marque ses premiers pas dans l'univers théâtral, cet étudiant récemment inscrit à la maîtrise en relations internationales et qui complétera d'ici peu sa maîtrise en médecine expérimentale, ne jure à peu près que par les "classiques". En fait, si Rouslan Kats choisit de s'attaquer aux grands comme Ionesco, Brecht, Euripide ou Beckett, c'est parce qu'il considère que ceux-ci ont beaucoup, beaucoup de choses à nous dire.
"Si on lit encore ces textes aujourd'hui, c'est qu'ils sont porteurs d'humanité", considère ce grand jeune homme dont émanent sensibilité et générosité, autant dans les manières que dans le propos. "En même temps, monter sur une scène est d'abord un privilège. Ce n'est donc pas pour dire n'importe quoi. Le public est là pendant deux heures pour découvrir une pensée et un monde." Ce qui n'empêche pas de confesser un véritable coup de coeur pour une pièce de l'auteur québécois Michel-Marc Bouchard, Les feluettes, dans lequel il interprétait le rôle de Lydie-Anne, au printemps dernier. "Il régnait dans l'équipe un état de grâce que je n'avais jamais connu avant." De passion en passion Né à Irkoutsk, en Sibérie, Rouslan Kats a cependant vécu toute sa petite enfance en banlieue de Moscou. Le 23 décembre 1990, il débarque avec armes et bagages à Montréal, en compagnie de ses parents. Baragouinant quelques mots d'anglais, il se met à l'étude du français, une langue qu'il parle aujourd'hui avec une perfection exquise. Puis vient l'apprentissage de l'espagnol et de l'italien, deux langues délicieusement "chantantes" qu'il parle aujourd'hui couramment. Dans le futur, Rouslan Kats aimerait bien se mettre au mandarin et à l'arabe. Le fameux don des langues, il n'y croit pas, en tout cas pour lui. "Cela demande seulement beaucoup de travail", dit-il humblement.
Curieux de tout, il a obtenu un baccalauréat en physiologie de l'Université McGill ("Le corps humain m'a toujours fasciné"), avant de commencer une maîtrise en médecine expérimentale à l'Université Laval portant sur l'endométriose chez les femmes, dont il ne resterait que l'introduction et la conclusion à écrire, dixit l'auteur. "J'ai beaucoup appris mais je pense qu'il faut posséder beaucoup de passion pour la recherche pour continuer dans ce domaine." Dans le cadre de la maîtrise en relations internationales qu'il a commencée, Rouslan Kats se penche sur l'impact des politiques culturelles européennes sur les affiliations identitaires. Dans ce même esprit, il dirigera la délégation de l'Université Laval à la SPECQUE (Simulation du Parlement européen-Canada-Québec-Union européenne) qui se tiendra à Bruxelles l'été prochain.
"Je fais confiance au destin et je me verrais très bien travailler au service du public dans une organisation internationale", souligne Rouslan Kats. En attendant de faire son chemin dans la vie, ce citoyen du monde a déjà commencé à se laisser pénétrer par le texte de la pièce Roméo et Juliette de Shakespeare, où il interprètera le rôle du Frère Laurence, chez Les Treize, cet hiver. Là où est peut-être sa vraie vie. | |