
Si la tendance se maintient Le journaliste-télé aura de plus en plus son mot à dire par Renée Larochelle Au Québec, le journalisme télévisuel a connu bien des changements depuis 30 ans. Toutefois, ces changements ne sont pas seulement d'ordre technologique - comme on serait porté à le croire - mais concernent le rôle de plus en plus important accordé au journaliste. Devenu un acteur de premier plan dans les nouvelles télévisées, le journaliste est en quelque sorte celui qui a le dernier mot. Dans le flot de nouvelles présentées au petit écran, les réseaux valorisent son analyse et ses explications, allongent ses interventions au détriment de celles de la source dont le temps d'apparition diminue. Analyste et commentateur, le journaliste donne une "légitimité" à la nouvelle. C'est l'une des conclusions que dévoile Karine Dubé dans son mémoire de maîtrise en communication publique portant sur l'évolution du reportage télévisé, de 1970 à 2002. Pour les fins de sa recherche, l'étudiante a analysé les bulletins de nouvelles de fin de soirée diffusés par Radio-Canada et TVA durant cette période. "Les résultats montrent une plus grande subjectivité dans la construction du reportage télévisé, note Karine Dubé. À partir de 1995, moment où la concurrence entre ces deux stations de télévision est intense, l'utilisation de stratégies faisant appel aux émotions et aux sentiments des téléspectateurs est de plus en plus présente. La subjectivité du journalisme est exploitée afin de répondre aux impératifs de commercialisation de la nouvelle télévisée." Pour Karine Dubé, le reportage tel qu'on le connaît aujourd'hui est le résultat d'un lent processus de maturation. Ainsi, le début des années 1970 constitue le moment où on tente de reproduire à la télévision les normes provenant de la radio et des journaux. Jusqu'à la fin des années 1970, l'image n'est pas utilisée à sa pleine capacité, avant qu'on ne découvre que la télévision offre des possibilités insoupçonnées. "Le reportage entre dans l'adolescence au début des années 1980 pour atteindre sa pleine maturité en 1995", explique l'étudiante. D'autres tendances se dégagent au début des années 2000, comme la multiplication des plans et l'utilisation de certaines mises en scène pour "scénariser" l'événement, de façon à mieux "accrocher" le spectateur. Une chose est certaine: de nos jours, le journaliste n'est plus un simple rapporteur d'informations mais bien une personne dont la parole est d'or. 
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