Des athlètes à la carte? Ce n'est pas la veille: plus de 125 gènes interviennent dans la réponse du corps à l'exercice physique par Jean Hamann La fabrication d'athlètes génétiquement modifiés risque d'être beaucoup plus complexe que certains le prévoyaient, si on en juge par la quatrième édition de la carte des gènes de la performance physique. Publiée dans un récent numéro de la revue officielle de l'American College of Sports Medicine, Medicine and Science in Sports and Exercice, cette carte, qui a été préparée par une équipe internationale à laquelle est associé le professeur Louis Pérusse, de la Faculté de médecine, indique qu'au moins 111 gènes chromosomiques et 15 gènes mitochondriaux interviennent dans la réponse des tissus et des organes soumis à un entraînement physique intense.
"C'est clair, la performance physique est influencée par un grand nombre de gènes et pour l'instant aucun d'eux ne semble avoir d'effet majeur, commente Louis Pérusse. Ce n'est donc pas demain la veille qu'on verra des super-athlètes issus de manipulations génétiques parce qu'il y a trop de gènes à modifier. Il risque d'y avoir encore beaucoup plus de gènes dans les sports où il y a des adversaires et une dimension stratégique."
Depuis l'an 2000, les chercheurs constituent annuellement la carte des gènes de la performance physique en passant en revue tous les articles scientifiques qui comparent le génome d'athlètes d'élite à celui de l'homme de la rue. Cet exercice sert à identifier les gènes qui interviennent dans l'adaptation à l'exercice physique et qui ont un impact sur la santé ou sur la performance athlétique. On y trouve donc des gènes associés à l'endurance cardiorespiratoire, à la force musculaire, à la composition corporelle et aux performances athlétiques.
La première édition de cette carte comprenait 29 gènes; celle de 2003 en renferme 126 au total. Malgré ces progrès, les auteurs de la carte déplorent la lenteur des recherches dans ce domaine. "Nous commençons à comprendre quels gènes contribuent à la performance physique, mais il reste encore un bon bout de chemin à faire, admet Louis Pérusse. La recherche sur la génétique de la performance physique avance beaucoup moins vite que celle de l'obésité, du diabète ou du cancer. Pourtant, ce genre d'études est de la plus grande importance pour mieux comprendre les véritables déterminants biologiques de la performance physique ainsi que le rôle de l'exercice physique dans la prévention des maladies." | |