
Un simple soldat
Les Treize présentent "Tit-Coq",
de Gratien Gélinas, au Théâtre de la cité
universitaire
Cela fait plusieurs années que le metteur en scène
Laurent Maheux caresse le rêve de monter Tit-Coq,
une pièce de théâtre écrite en 1948
qu'il a découverte à l'école secondaire
voici sept ans. Un par un, il a convaincu les comédiens
croisés au hasard des productions des Treize de donner
vie aux personnages de cette histoire d'amour intemporelle. "Au-delà
de l'évocation du contexte de la Seconde Guerre mondiale
et d'une société aux normes sociales très
fortes, ce qui m'intéressait c'était de montrer
que les gens tombent souvent amoureux pour les mauvaises raisons."
En effet, lorsque Tit-Coq, un enfant de parents inconnus, rencontre
Marie-Ange, la sur d'un de ses camarades, il est immédiatement
séduit car elle représente pour lui l'espoir de
fonder enfin une famille. Elle, de son côté, apprécie
le fait qu'elle représente tout pour lui. Conclusion du
metteur en scène: les amoureux ne partagent pas le même
point de vue. Cependant, l'arrivée de la guerre bouleverse
leurs plans car le jeune homme entre dans l'armée et part
pour l'Angleterre. Durant son absence, la famille de la jeune
fille parvient à la convaincre d'en épouser un
autre, ce que Tit-Coq n'apprend qu'un an plus tard, lorsqu'il
la retrouve.
Subir la fatalité ou choisir sa vie
"Dans un film américain, les deux personnages
décideraient de vivre leur vie ensemble sans se soucier
des conséquences, commente Laurent Maheux. Or, l'intérêt
de la pièce repose justement sur le débat autour
des valeurs morales grâce notamment au personnage du Padre,
un homme de foi qui n'essaye pas d'imposer sa vision mais plutôt
pousse Tit-Coq à peser le pour et le contre." "Le
Padre représente la conscience, l'éthique, des
notions qui n'existent plus beaucoup aujourd'hui, renchérit
Nicolas Lebel qui incarne Jean-Paul, l'ami du héros. J'ai
un peu la nostalgie de cette époque car on prenait le
temps de réfléchir à ce que valaient moralement
nos décisions."
Pour permettre au public d'effectuer un saut dans le temps et
de retrouver l'esprit des années quarante, Laurent Maheux
a choisi une mise en scène très réaliste,
où les décors et les costumes collent à
l'époque. Au gré des scènes, on passe donc
de l'appartement de Marie-Ange à la tente du soldat Tit-Coq,
ou encore au bateau qui l'emmène vers l'Europe.
Cinq ans après la mort de l'auteur, décédé
des suites de la maladie d'Alzheimer, le spectacle présenté
au Théâtre de la Cité universitaire se veut
aussi un hommage à Gratien Gélinas et à
son texte souvent qualifié de première pièce
moderne de la théâtrologie québécoise.
La troupe Les Treize s'associe d'ailleurs pour l'occasion à
la Société Alzheimer de Québec en lui versant
une partie du prix des billets, le comédien Gilles Latulipe,
très associé au théâtre de Gratien
Gélinas, agissant à titre de porte-parole. Une
façon pour l'équipe autour de Laurent Maheux de
souligner les liens avec l'uvre de Tit-Coq, plus d'un
demi-siècle après sa création.
"La profonde humanité des personnages dans cette
pièce m'attire, témoigne Aurélie Couture,
finissante en droit qui incarne la colocataire de Marie-Ange.
Leurs espoirs, leurs rêves, leurs désillusions nous
les rendent attachants car ils nous ressemblent tellement!"
Une impression que partage Hugo Lapierre, lui qui chausse les
lourdes bottes de militaire de Tit-Coq. "C'est un gars simple,
carré dont la quête d'identité et la recherche
d'amour nous touchent profondément", résume-t-il.
Au Théâtre de la Cité universitaire, les
18, 19 et 20 novembre à 20 h. Les billets sont en pré-vente
à l'Animation socioculturelle, local 2344 au pavillon
Alphonse-Desjardins, au coût de 10$,( 12$ à l'entrée)
ainsi que sur le réseau Billetech (Service et taxes en
sus) ou www.billetech.com. Information au 656-2765 et sur le
site : www.titcoq.ca
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