L'écume des jours
Huguette Lefrançois remporte le
Prix Piché de poésie
par Renée Larochelle
"J'étais une silencieuse." C'est de cette
façon que se définit Huguette Lefrançois,
avant qu'elle ne se mette à s'exprimer, un peu sur le
tard, par la voix de la poésie. Adolescente avant l'âge,
adulte après coup, la dame a fait ses classes - elle a
été enseignante au primaire durant des années-
, s'est mariée et a eu quatre enfants. En 1998, au détour
de la retraite, la poésie la rattrape, telle une bouée
de sauvetage cherchant la femme tombée à la mer.
Huguette Lefrançois se remet à écrire, devient
une étudiante assidue des ateliers de poésie offerts
à l'Université Laval dans le cadre de la formation
continue. Il y a quelques semaines, elle apprenait qu'elle était
la lauréate du Prix Piché de poésie 2004
de l'Université du Québec à Trois-Rivières,
pour sa suite de poèmes La rumeur des marées,
dans le cadre du Festival International de la poésie de
Trois-Rivières. Créé en 1989, ce prix vise
à favoriser la lecture et l'écriture poétique
chez les personnes qui suivent des ateliers de création
dans ce domaine.
"La poésie, c'est ce que j'attendais, dit Huguette
Lefrancois, quand on lui demande de parler de la place qu'occupe
la poésie dans sa vie. J'essaie de retrouver les impressions
reçues, qu'elles soient tristes ou joyeuses. J'utilise
des mots que j'aime. Ces mots sont le plus souvent reliés
à la mer, au sable, au soleil. Il faut aller en profondeur.
Je suis dans l'écume." Dans le recueil qui lui a
valu de mériter son prix, la poétesse explore l'un
des thèmes qui lui tient le plus à cur, l'eau,
cette vague de sentiments qui la rejoint inlassablement sur le
rivage des mémoires oubliées. Les poèmes,
sans titre, sont adressés à un destinataire lointain
qui ressurgit à la faveur d'une parole, au-delà
des brumes et des peines.
Née à Matane, Huguette Lefrançois a pour
ainsi dire passé sa vie au bord du fleuve, un lieu pour
elle béni des dieux et qui s'est avéré une
source de mystère sans fond et de découvertes troublantes.
"La poésie ressemble à la musique, explique-t-elle.
Il y a un rythme à respecter et des silences à
observer. De même, il faut laisser de la place à
celui qui lit et lui donner l'occasion de créer ses propres
images. La poésie peut parfois paraître obscure
mais c'est le lecteur qui tient la lampe." N'ayant que des
bons mots à l'endroit des ateliers de poésie données
à l'Université, Huguette Lefrançois croit
cependant qu'écrire ne s'apprend pas mais se vit, au jour
le jour. C'est ainsi que, conjugués aux mouvements de
l'âme, les vers se suivent tout en ne se ressemblant jamais.
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