Une idée qui tient la route
Entrepreneuriat Laval donne un coup de
pouce à des "gars de char" verts
par Pascale Guéricolas
Heureux propriétaire d'une Renault 5 vieille de vingt
ans, Steve Labarre ne se reconnaît pas vraiment dans l'appellation
"un gars de char". Pourtant, cet ancien étudiant
en génie, puis en sciences de l'administration, se consacre
corps et âme depuis plus d'un an à son entreprise,
Alternativ, qui justement produit des voitures. Mais attention,
pas n'importe lesquelles. Associé à son ami d'enfance
et mécanicien Claude Fortin, ce passionné de l'environnement
s'intéresse exclusivement au recyclage de voitures ayant
accumulé plus de 200 000 kilomètres au compteur
pour leur donner une seconde vie électrique. Grâce
au soutien d'Entrepreneuriat Laval, les deux compères
aujourd'hui installés à Drumondville ont pu concrétiser
leur rêve et produire un premier véhicule entièrement
propulsé par l'énergie produite par des piles au
lithium installées sous le capot.
Lorsqu'on demande à Steve Labarre quelle qualité
doit absolument posséder un entrepreneur, spontanément
il répond: "La confiance en soi". "Au début,
explique-t-il, personne ne croyait en notre idée de produire
une voiture électrique. Sans parler des institutions financières
qui ne nous ont rien prêté au départ."
Lorsque Alain Cadoret, conseiller à Entrepreneuriat Laval,
les rencontre, les deux associés jonglent avec l'idée
de vendre leur véhicule électrique à tous
les citoyens de bonne volonté. "Je leur ai plutôt
suggéré d'adopter une stratégie d'affaires
cohérente avec leur idée en se tournant vers la
location à long terme des véhicules, explique Alain
Cadoret. Cela permet de mieux rentabiliser des voitures au prix
assez élevé pour de l'usager et de donner confiance
au client".
Armé de quelques notions en administration, Steve Labarre
se lance dans une étude de marché et constate rapidement
avec son ami mécanicien l'intérêt d'approcher
les entreprises qui disposent d'une flotte commerciale, qu'il
s'agisse de véhicules de livraison ou de ceux de représentants
commerciaux. "Contrairement à de nombreux autres
entrepreneurs, nous n'avons pas fabriqué notre produit
puis ensuite tenté de le vendre, précise le jeune
homme. Nous sommes plutôt partis des besoins de notre client."
Son identité sera d'ailleurs bientôt connue puisque
ce propriétaire d'une vaste flotte de véhicules
doit lancer bientôt une campagne marketing mettant en valeur
l'utilisation de voitures électriques.
Hyundai nouveau genre
Pendant plusieurs mois, les deux fondateurs travaillent à
transformer une Hyundai Accent en véhicule électrique,
aidés, pour le volet administratif, de Philippe Dorval,
un diplômé en relations industrielles. Dotée
d'un nouveau moteur - chinois - et de piles au lithium importées
des États-Unis, cette voiture très écologique
ressemble aux autres voitures de même mosèle sur
la route. À la différence près qu'elle dispose
d'une autonomie de cent kilomètres seulement et se conduit
surtout en ville car le véhicule manque d'accélération
pour les dépassements sur l'autoroute. "L'aide d'Entrepreneuriat
Laval a été déterminante, explique Steve
Labarre, car ils nous ont vraiment guidé dans l'ensemble
des programmes gouvernementaux disponibles pour perdre le moins
de temps possible. " Leur conseiller a bâti avec eux
le volet financier de A à Z puis les a ensuite orientés
vers le Concours québécois en entrepreneurship.
Une idée payante, puisque Alternativ a successivement
remporté les concours locaux, régionaux et provinciaux
pour finalement gagner le premier prix national et 15 000 $ dans
la catégorie "Exploitation -transformation-production".
Avec cette première mise de fonds, quelques dizaines de
milliers de dollars en fonds personnels ainsi qu'une subvention
du programme "Jeunes promoteurs", les deux associés
ont loué des locaux et donné vie à un premier
prototype. Deux autres devraient être produits prochainement
dans une petite usine dans laquelle ils s'apprêtent à
entrer, toujours à Drumondville. "L'an prochain,
nous pourrions fabriquer au moins une vingtaine de voitures qui
rouleront au Québec, tandis que quelques unes partiront
en Californie car elles intéressent là-bas des
groupes environnementaux", souligne fièrement Steve
Labarre.
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