De Marx à la Grève de l'amiante
par Thierry Bissonnette
Né à Asbestos et diplômé de l'Université
Laval en sciences sociales, Jacques Gagnon est professeur au
Collège de Sherbrooke depuis 1977. Préoccupé
depuis longtemps par la vulgarisation, il considère que
tout un chacun devrait s'intéresser à la politique,
ne serait-ce que pour mieux juger du travail des élus
et de son influence sur notre quotidien. C'est dans cet esprit
démocratique que Jacques Gagnon a rédigé
et recueilli trois essais d'histoire politique, aujourd'hui publiés
par Les Presses de l'Université Laval sous le titre Histoires
de pêche à la mouche. Basés sur sa pratique
de l'enseignement, ces textes évoluent sans lourdeur autour
de sujets pourtant profonds.
Si la métaphore sportive peut référer au
style libre et vif de l'auteur, il n'en reste pas moins que son
ouvrage comporte une construction certaine et que sa pensée
s'offre une longue portée. Les trois composantes du livre,
très différentes, transportent le lecteur d'une
réflexion générale sur le politique vers
une application nettement pratique de la théorie. C'est
ainsi qu'on a d'abord droit au chapitre "Platon, Marx et
politique", dont la première version remonte au temps
de la Guerre froide, en 1980, mais que Gagnon tente de réactualiser
à la lumière des récentes altercations entre
les partisans de la mondialisation et leurs opposants. Ces derniers,
écrit-il, "risquent bien de redécouvrir le
Manifeste du Parti communiste après avoir joué
aux anarchistes." À l'intention des néophytes,
il offre donc sa synthèse personnelle des fondements de
la réflexion politique, initiation très compacte
allant des penseurs grecs jusqu'à nos jours.
Dans la seconde partie, "La force G. Histoire de l'administration",
le penseur examine plus avant l'importance de l'écriture
et du livre dans les structures du pouvoir. Reconnaissant un
lien millénaire entre l'archivage et l'administration
publique, il cerne les contours de ce qui, au cours de l'histoire,
acheminera vers la formation d'une gigantesque machine bureaucratique.
"Ne nous surprenons pas de l'état avancé de
schizophrénie collective de nos sociétés.
Quelqu'un écrit à quelqu'un d'autre, mais, ce faisant,
il s'adresse moins à l'autre qu'à lui-même.
L'autre lui répond en faisant la même chose. Un
dialogue de sourds."
Quant au troisième essai, "La Grève de l'amiante,
suite et fin", sa rédaction s'est étendue
entre 1973 et 1999 et bénéficie de l'expertise
de Jacques Gagnon à Black Lake et à Thetford Mines.
Résumant et critiquant un ouvrage de Pierre Elliott Trudeau
sur la célèbre grève de 1949, il compare
également cette dernière avec la grève de
Thetford mines en 1975, tâche encore nécessaire
selon lui.
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