Peut-être Kerry
Le candidat démocrate pourrait obtenir
une majorité de votes
par Yvon Larose
D'une élection présidentielle à l'autre
aux États-Unis, le nombre d'électeurs qui votent
tourne habituellement autour de 50 %. Mais le scrutin du 2 novembre
pourrait voir ce pourcentage monter jusqu'à 53 %. Et ce
renversement de tendance devrait favoriser le démocrate
John Kerry. Tel est le point de vue de Michael Lewis-Beck, professeur
au Département de science politique de l'Université
de l'Iowa, auteur et spécialiste de la sociologie électorale
et des méthodologies quantitatives. "Une course serrée
suscite davantage l'intérêt et se traduit par un
nombre plus élevé de votants, précise-t-il.
Mon modèle statistique prévoit que Kerry obtiendra
50,1 % des votes, contre 49,9 % pour Bush."
Invité par l'Institut québécois des hautes
études internationales, le jeudi 21 octobre au pavillon
Charles-De Koninck, le conférencier a rappelé que
les votes se répartissent habituellement presque moitié
moitié entre les candidats des deux grands partis. "Dans
une élection présidentielle, vous pouvez vous attendre
que 45 % des gens votent républicain et ceux qui le font
le font presque toujours parce qu'ils s'identifient au parti
et par respect pour le leader", explique Michael Lewis-Beck.
Il ajoute que les électeurs américains, en général,
ne changent pas d'idée. "Dans les six derniers mois,
la plupart sont restés sur leur position." Et les
débats télévisés des candidats? "Le
premier débat a eu un effet immédiat, dit-il. Mais
après deux semaines, l'effet s'était dissipé."
Les Canadiens préfèrent Kerry
Selon de récents sondages, une majorité confortable
de Canadiens accorderaient leur vote à John Kerry. Au
sud de la frontière cependant, l'électorat apparaît
nettement plus divisé. "Nous sommes en guerre et
nous avons subi un attentat terroriste, souligne le conférencier.
Lorsqu'un pays est en guerre, les gens ont tendance à
appuyer le président." Les sondages révèlent
qu'une majorité d'électeurs considèrent
Bush comme celui qui peut le mieux résoudre le problème
du terrorisme et gérer la guerre en Irak. Kerry est toutefois
perçu par une majorité d'électeurs comme
ayant de meilleures capacités pour s'occuper d'économie.
L'économie, le terrorisme, la guerre en Irak et la santé
sont, dans l'ordre, les principaux enjeux de cette campagne électorale.
Mais d'autres enjeux sont à l'ordre du jour, comme le
contrôle des armes à feu, les droits des homosexuels
et le commerce extérieur avec le Canada. "Il y a
toujours un petit groupe d'électeurs préoccupés
par les autres enjeux, indique Michael Lewis-Beck. Chez les pro-Bush,
5 % disent que l'avortement est une question très importante."
En 2000, l'avocat Ralph Nader, candidat vedette des Verts, avait
obtenu près de trois millions de votes. La moitié
de ces votes venait de démocrates de gauche déçus
de la manière dont leur parti était mené.
Nader est à nouveau sur les rangs pour la présidence.
Mais sa popularité a diminué, les démocrates
étant encouragés à s'unir derrière
Kerry afin de battre Bush. "Les sondages lui accordent entre
un et deux pour cent du vote, c'est donc négligeable,
précise Michael Lewis-Beck. Même The Nation,
la plus importante revue de gauche aux États-Unis, qui
soutenait Nader depuis des années, avait cette année
une pleine page de publicité qui disait: "Ralph,
please, don't run!" Il a perdu sa base."
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