Le troisième oeil
Une virée alchimique de Jean-François
Lizotte, du 18 au 29 octobre, à la salle d'exposition
du pavillon Alphonse-Desjardins
par Pascale Guéricolas
"Il faut cultiver son jardin" "Une goutte d'eau
qui tombe sur une vague résonne dans tout l'océan."
Voilà les deux phrases, fréquemment citées
par son professeur de français au cégep, qui ont
donné une nouvelle orientation à la vie de Jean-François
Lizotte - Lizo de son nom d'artiste - alors qu'il s'interrogeait
sur la direction prendre. La vingtaine de toiles très
colorées de ce finissant en communication graphique, présentées
jusqu'au 29 octobre à la salle d'exposition du pavillon
Alphonse-Desjardins, constituent un début de réponse
sur la manière dont il entend gérer son existence
plusieurs années plus tard. En continuant à se
poser des questions, et surtout en laissant le dessin exprimer
ses émotions, grâce au "troisième oeil"
qui constitue le thème de son exposition .
Passionné par les nombreuses images qu'il croise sur son
chemin, Lizo a compris un jour que l'ordinateur ne comblait pas
tous ses besoins créatifs. Il a donc plongé dans
la peinture, avec une nette préférence pour les
couleurs fortes, les bleus éclatants, les rouges, les
jaunes et les oranges pimpants, le vert, le mauve. "Je ne
fais presque jamais de mélange lorsque j'achète
des tubes, ce qui donne un style proche de la bande dessinée,
un peu enfantin, même quand le propos est sérieux."
L'artiste a souvent recours à des icônes très
graphiques pour mieux faire entendre son propos. Une de ses toiles
intitulée "Évolution" présente
ainsi un être à moitié humain, à moitié
dinosaure qui a l'air de sortir d'un bain de produits chimiques,
une façon pour lui de s'interroger sur le sort qui nous
guette alors que l'environnement se dégrade. Dans une
autre, le personnage indiquant les toilettes porte un globe terrestre
en guise de tête pour mieux rappeler aux usagers de ce
lieu d'aisance l'importance de prendre soin de notre milieu.
La religion en question
La nature, les femmes, la religion constituent des thèmes
récurrents de cette exposition comme autant de pistes
de réflexion. Ainsi, l'intolérance de certains
messages transmis par l'Église a frappé Lizo lors
d'une messe de Noël l'hiver dernier. " On nous disait
que Dieu est amour, mais dans le même temps Moïse
demandait à Dieu qu'il l'aide contre les Égyptiens,
raconte-t-il. Je me suis demandé pourquoi Il devait donner
le pouvoir à certains pour l'exercer sur d'autres."
Une de ses toiles où la croix se termine par un poignard
reprend ainsi cette idée. Plusieurs de ses créations
se rapprochent également de l'univers des icônes
russes comme dans sa "Mère à l'enfant"
où un nouveau-né s'enveloppe des voiles maternels
pour se mieux se perdre dans cet océan de courbes, délimitées
par un large trait noir.
Manifestement adepte des lignes ondulantes qui séparent
des bandes de couleurs vives, le peintre représente aussi
les yeux avec prédilection comme autant de manière
de voir les miroirs de l'âme. Dans une pupille démesurément
agrandie, un petit bonhomme sourire nous offre un véritable
océan de bonheur, tandis que dans une autre, un corps
replié en position de ftus se repose à la manière
d'un esprit au repos. Pour Lizo, l'art représente bien
sûr une manière de s'exprimer, mais aussi une façon
de faire changer les choses. De la même façon qu'il
a lui-même une conscience environnementale plus ouverte
depuis que certains de ses amis l'ont sensibilisé aux
questions de pollution, il espère que les visiteurs de
son exposition réfléchiront aux thèmes qu'il
propose. "Une personne fait partie d'un tout, précise-t-il.
On donne, on reçoit, c'est une bonne façon de vibrer."
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