
L'art de la rencontre
Venez prendre le "Social Tea"
offert par Annie Lévesque et Marie-Ève Vignola
à la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins
par Pascale Guéricolas
Jusqu'au 1er octobre, deux étudiantes au baccalauréat
en arts plastiques proposent leurs toiles au public dans la salle
d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins, là où
l'art ne se prend pas au sérieux. Bancs invitant à
la détente, faux piliers en papier bulle, bande de papier
remplie de dessins rigolos accrochée sous le plafond:
non, vraiment, cette salle a une autre allure depuis qu'Annie
Lévesque et Marie-Ève Vignola y ont installé
leur "Social Tea". Leurs toiles très colorées
témoignent de leur intérêt pour une peinture
proche des gens, de leurs émotions, de leurs réactions.
Dans cette exposition commune, elles conjuguent donc l'humour
des créations de l'une avec l'aspect appliqué des
tableaux de l'autre. Prêts pour une visite?
L'an dernier, Marie-Ève Vignola et Annie Lévesque
ont eu 80 minutes pour réaliser un tableau à quatre
mains lors du Gala des Muses. Leur "Jupe sensuelle"
résume bien le mariage de leurs talents. À Marie-Ève
Vignola le coup de spatule fougueux et les couleurs pétantes,
à Annie Lévesque la lentille grossissante sur le
vêtement et le soin apporté au tracé du dessin.
Cette première expérience commune de travail leur
a donné envie de profiter des forces et des atouts de
l'une et de l'autre en tricotant une exposition où leurs
créations se côtoient. "Cela m'apporte beaucoup
de légèreté de travailler avec quelqu'un
d'aussi ludique", confie Annie Lévesque. Il faut
dire que le "monde Vignola" ne pêche pas par
excès de sérieux. Témoin ce personnage aux
cheveux bleus, les yeux grands écarquillés dont
la cigarette semble pendre des lèvres depuis plusieurs
décennies. Ou encore la plongeuse olympique au regard
un peu fou dont le visage rond rappelle celui des poupées
gonflables. "J'aime que les spectateurs aient une réaction
en voyant mes tableaux, explique Marie-Ève Vignola. Parfois
je leur donne des titres loufoques, comme "Des bisexuels
au Yukon" ou "Sur son dancefloor" parce que c'est
mon dernier espoir de les faire réagir.
Pop art revu et corrigé
Adepte d'une peinture rapidement exécutée,
Marie-Ève Vignola se laisse inspirer par les objets du
quotidien, des visages entrevus. Frôlant parfois le pop
art, ses compositions se jouent des textures et se déclinent
dans une gamme de couleurs gaies qui rappellent parfois la bande
dessinée. Les grandes toiles d'Annie Lévesque juste
à côté apportent un regard plus réfléchi
sur la vie qui passe. Attentive aux visages de ceux et de celles
qu'elle fréquente, la peintre tente souvent de saisir
une partie de leur âme sur ces toiles aux couleurs chaudes.
"Le regard de Josyanne me fascinait, me captivait, explique
l'étudiante en contemplant le tableau du même nom.
J'ai voulu le capturer en choisissant un format horizontal pour
la toile, très panoramique."
À l'autre bout de la salle, la goutte d'eau glissant sur
des lèvres en grand format illustre l'intérêt
d'Annie Lévesque pour les jaunes, les bruns, les rouges,
des teintes chaudes souvent associées à la sensualité,
ainsi que pour le travail sur le corps. Depuis peu, elle qui
se dit très perfectionniste dans son dessin réalisé
d'après photos tente de se donner une nouvelle liberté
en peignant sur un support de carton. Ses visages, toujours aussi
précis dans la finesse du trait, prennent des allures
un brin irréelles alors que l'artiste découpe la
surface de la peinture peinte. Peut-être une autre direction
artistique qui s'amorce pour cette peintre en plein devenir.

|
|