La recette du succès
Pour conquérir le marché,
les aliments fonctionnels devront d'abord séduire les
consommateurs aventuriers
Par Jean Hamann
Les Québécois se sentent plus aventuriers que
leurs compatriotes canadiens en matière d'alimentation.
En effet, 40 % des Québécois jugent qu'ils accueillent
favorablement les aliments fonctionnels alors que la moyenne
canadienne se situe à 35 % à ce chapitre. Au pays,
seuls les résidants des Maritimes, avec un score de 48
%, réservent une réception plus favorable à
ces aliments, révèle une étude menée
par des chercheurs du Centre de recherche en économie
agroalimentaire. Rappelons que les aliments fonctionnels sont
des aliments qui, en plus de leur valeur nutritive propre, réduisent
les risques de certaines maladies chroniques. Les aliments enrichis
en oméga-3, qui préviennent les maladies cardiovasculaires,
et le jus de canneberges, qui protège contre les infections
urinaires, en sont des exemples.
Gale West, Bruno Larue, Carole Gendron et Rémy Lambert
ont demandé à 1 008 Canadiens s'ils faisaient rapidement
l'essai de nouveaux aliments fonctionnels lorsque ceux-ci arrivaient
sur le marché, s'ils se fiaient aux réactions de
leurs proches avant d'en acheter et s'il était probable
qu'ils en fassent l'achat en apprenant leur disponibilité
sur les tablettes. Les analyses des chercheurs démontrent
que les consommateurs les plus intéressés par les
aliments fonctionnels sont ceux qui croient fermement au lien
entre l'alimentation et la santé et ceux qui prêtent
foi à l'information nutritionnelle présentée
sur les emballages et les étiquettes des aliments, apprend-t-on
dans un article qu'ils publient dans la revue Current Agriculture,
Food and Resources Issues.
Les résultats de l'étude montrent également
que les consommateurs qui font la fine bouche devant les organismes
génétiquement modifiés (OGM) ne veulent
pas être parmi les premiers à faire l'essai des
nouveaux aliments fonctionnels. "Si la perception négative
des OGM allait en augmentant, les consommateurs pourraient prendre
leurs distances vis-à-vis toutes les formes d'innovation
alimentaire, incluant les aliments fonctionnels", prédisent
les chercheurs.
Selon leur analyse de la situation, le vieillissement de la population
et les découvertes liant la santé à certains
composés retrouvés dans les aliments exercent une
pression sur l'industrie agroalimentaire pour qu'elle mette en
marché des aliments fonctionnels. Ces produits devront
d'abord séduire les aventuriers avant de pénétrer
le marché des consommateurs plus conservateurs, avertissent
les chercheurs.
À cet effet, le segment de la population que les industries
devront d'abord convaincre doit correspondre au profil du consommateur
aventurier, c'est-à-dire un homme, résidant en
milieu urbain, qui a des enfants à la maison et qui vit
au Québec! "Par la suite, il faudra constamment démontrer
aux consommateurs que les vertus des aliments fonctionnels sur
la santé ne constituent pas un truc de mise en marché,
mais qu'ils reposent sur des études scientifiques fiables",
insistent les chercheurs.
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