
 Visualiser sa guérison?La pratique mentale d'un mouvement entraîne une réorganisation fonctionnelle du cerveau par Jean HamannPersonne ne remportera jamais de médaille olympique en remplaçant des milliers d'heures d'entraînement par de la visualisation, mais la pratique mentale de mouvements par imagerie motrice peut apporter des bénéfices substantiels en réadaptation physique. C'est ce que soutient une équipe du Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale, à la lumière de différentes expériences réalisées au cours des derniers mois dans ses laboratoires.
Dans l'une de ces expériences, dont la revue scientifique NeuroImage publie les conclusions, Philip Jackson, Martin Lafleur, Francine Malouin, Carol Richards et Julien Doyon ont démontré, grâce à un appareil d'imagerie médicale, que la répétition mentale d'une série de mouvements provoque des changements physiologiques dans certaines régions spécifiques du cerveau, en plus d'entraîner des améliorations dans l'exécution réelle de ces mouvements. Les sujets devaient tendre ou replier la cheville à dix reprises, selon une séquence prédéfinie, avant et après un programme d'entraînement par visualisation mentale. Ce programme, réparti sur cinq jours, consistait à effectuer mentalement la séquence à 1500 reprises!
"Le simple fait de penser à l'exécution d'un mouvement stimule certaines zones du cerveau, comme en témoigne l'augmentation de la circulation sanguine, révélée par les images prises à l'aide d'un appareil de tomographie par émission de positrons pendant l'exécution mentale de la série de mouvements, précise Francine Malouin. Ces zones sont pratiquement les mêmes que celles qui sont sollicitées lors de l'exécution réelle du mouvement. Nous pensons que la pratique mentale par imagerie motrice agit surtout sur les circuits qui interviennent dans la préparation inconsciente du mouvement plutôt que dans son exécution comme telle."
Les chercheurs ont également observé qu'après une semaine de pratique mentale, les sujets montraient une amélioration modeste mais significative dans l'exécution réelle du mouvement. "Ceci nous porte à croire que, dans certaines conditions, la pratique mentale par imagerie motrice pourrait être combinée à des exercices physiques dans des programmes de réadaptation, avance la professeure Malouin. D'ailleurs, des tests que nous avons faits avec des personnes qui ont subi un accident cérébrovasculaire donnent des résultats préliminaires encourageants."
Cette approche pourrait aussi profiter aux personnes qui ont des membres immobilisés à la suite d'un accident, poursuit-elle. "Présentement, cette forme d'intervention est peu courante en réadaptation, mais elle pourrait le devenir d'ici cinq ans", prédit la chercheure.

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