
Pour une forêt durable
La Faculté de foresterie et de géomatique
prône le virage de la connaissance
par Yvon Larose
Créer un bureau du territoire forestier, réviser
en profondeur le régime forestier actuel et mettre en
place une politique d'intensification de l'aménagement
forestier, telles sont les principales recommandations contenues
dans le mémoire déposé par Denis Brière,
doyen de la Faculté de foresterie et de géomatique
de l'Université Laval, devant la Commission d'étude
sur la gestion de la forêt publique québécoise.
Celle-ci a pour mandat de proposer des améliorations qui
permettront de bonifier le régime forestier dans une perspective
de développement durable.
"La connaissance du territoire forestier est primordiale",
affirme Denis Brière qui participait, les 1er et 2 septembre
à Montréal, à une table de consultation
organisée par la Commission. "Il faut se donner les
outils pour mieux connaître le territoire, poursuit-il.
Tout part de là. Ça va influencer tous les actes
professionnels et toutes les orientations, que l'on parle de
vision ou de stratégies. Et il est tout aussi important
de mieux connaître le fonctionnement des écosystèmes
forestiers."
Une information crédible
Le mémoire de la Faculté de foresterie et de
géomatique contient une quinzaine de recommandations.
La plus importante consiste en la création d'un bureau
du territoire forestier. Cet organisme indépendant serait
composé de spécialistes de diverses disciplines
et relèverait du ministre des Ressources naturelles, de
la Faune et des Parcs du Québec. Il produirait les données
quantitatives sur le territoire forestier, incluant le suivi
des interventions dans les forêts. Le bureau ferait rapport
publiquement de l'état des forêts du Québec.
Selon Denis Brière, un tel organisme aurait un impact
majeur. "Il diffuserait une information crédible,
objective et non biaisée politiquement, soutient-il. Elle
existe déjà en grande partie. Mais le public accorde
peu de crédibilité à ce que dit le gouvernement
et encore moins à ce que dit l'industrie."
Le régime forestier actuel est basé sur la notion
de rendement soutenu. Aux dires du doyen, ce régime respecterait
davantage les valeurs d'aujourd'hui, comme la conservation de
la biodiversité et la conservation de la qualité
de l'eau, s'il s'appuyait plutôt sur la notion d'aménagement
par objectifs. "L'on pourrait faire beaucoup plus, indique-t-il.
Mais des prémisses, dans le régime forestier, empêchent
d'innover."
Il qualifie par ailleurs de cruciale l'adoption d'une politique
d'intensification de l'aménagement forestier. Une telle
politique favoriserait la croissance du bois à l'hectare
par an. "Il faut arrêter de penser qu'on ira chercher
le bois de plus en plus au nord, dit-il. Si nous ne prenons pas
ce virage, nous nous dirigeons vers une pénurie de matière
ligneuse pour la plupart des usines de transformation."
Laval bien présente
Parmi les quelque 300 mémoires et avis reçus
par la Commission, quatre autres provenaient de l'Université
Laval. Les signataires étaient le consortium de recherches
sur les affaires électroniques pour l'industrie des produits
forestiers FOR@C, la Chaire de recherche industrielle sur les
bois d'ingénierie structuraux et d'apparence, le professeur
Gilles Lemieux du Département des sciences du bois et
de la forêt, et l'Association des étudiants en foresterie.
On peut consulter les mémoires à l'adresse suivante:
www.commission-foret.qc.ca. Soulignons également la présence,
parmi les commissaires, de trois professeurs de Laval. Ce sont
Jean Huot, du Département de biologie, Éric Bauce,
du Département des sciences du bois et de la forêt,
et Jean-Thomas Bernard, du Département d'économique.
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