
Étudier en étranger
Pas toujours facile de créer des
liens sur le campus lorsqu'on vient d'un autre pays
par Renée Larochelle
Les étudiants étrangers qui séjournent
à l'Université Laval trouvent parfois difficile
de créer des liens significatifs allant au-delà
des salutations et des petits services rendus avec les Québécois.
Même s'ils les trouvent généralement aimables
et ouverts, établir une relation chaleureuse avec les
Québécois ne va pas nécessairement de soi
pour eux. Peut-on parler de confort et d'indifférence
de la part des hôtes? Une chose est certaine: l'étudiant
qui choisit d'expérimenter un univers différent
ne l'a pas toujours facile.
Telle est l'une des conclusions qui se dégagent du mémoire
de maîtrise en service social de Nathalie Bourbeau portant
sur la situation des étrangers à l'Université
Laval. Intéressée par la réalité
de cette population étudiante méconnue mais pourtant
très présente, l'auteure insiste sur le fait qu'elle
ne saurait étendre les résultats obtenus à
tous les étudiants étrangers de l'Université.
Elle rappelle que le but de sa démarche était d'explorer
et de décrire la situation d'un groupe d'étudiants,
en l'occurrence, 37 personnes, dont 23 femmes et 17 hommes provenant
de 17 pays en majorité hispanophones. Si l'échantillon
est mince, les conclusions élargissent pourtant l'horizon
du savoir en ce qui concerne la vie de ceux et celles qui ont
choisi de quitter leur pays - bravant parfois vents et marées
- pour venir étudier à l'Université Laval.
Amour et compagnie
Au moment de l'enquête, effectuée à l'automne
2001, les participants séjournaient depuis un peu plus
d'un an à l'Université. La majorité (78
%) résidait en dehors du campus; de ce nombre, 54 % vivaient
seuls. Interrogés sur la façon dont ils voyaient
l'amitié, moins de 30 % pensaient en avoir la même
définition que les femmes et les hommes québécois.
En ce qui a trait à l'amour, le pourcentage était
encore moins élevé avec 21 % de personnes qui estimaient
que leur perception de ce sentiment se rapprochait de celle des
Québécois. Par ailleurs, 65 % des participants
affirmaient être capables de décoder les différences
culturelles dans les rapports homme-femme avec les Québécois.
Si la presque totalité des étudiants (97 %) disait
comprendre et maîtriser les exigences des travaux scolaires
et bien s'entendre avec leurs professeurs (94 %), ils étaient
un peu moins à aimer la majorité de leurs cours
(73 %). La Bibliothèque figurait au premier rang des ressources
utilisées, suivie du Service des prêts et bourses,
du PEPS, du Service de placement et de l'École de langues,
pour ne citer que ces services. Plus de 40 % ont souligné
n'utiliser aucun service. Invités à s'exprimer
sur des aspects qu'ils aimeraient voir améliorer quant
aux services offerts à l'Université, les répondants
ont insisté notamment sur la courtoisie.
Parmi d'autres résultats, Nathalie Bourbeau a constaté
que les étudiants ayant déjà étudié
à l'étranger avaient plus de facilité à
s'intégrer à l'Université. Elle se dit par
ailleurs surprise du fait que, plus les étudiants prévoyaient
étudier longtemps à l'Université Laval,
moins ils semblaient être intégrés à
un réseau de pairs. Enfin, le constat d'une certaine détresse
psychologique se traduisant par des sentiments de découragement
et de solitude chez les étudiants étrangers témoigne,
selon Nathalie Bourbeau, de leur vulnérabilité
et de leur besoin de support non seulement dans leur intégration
à la vie scolaire et à un réseau de pairs,
mais aussi à la société québécoise
en général

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