Ils vous ont à l'oeil
Une étude suggère que les étudiants universitaires
sont dans la mire des fabricants de cigarettes
par Jean Hamann
Une étude menée en 2004 dans 22 universités
du pays montre que les compagnies de tabac ont une bonne longueur
d'avance sur les organismes engagés dans la lutte au tabagisme
sur les campus universitaires. En effet, la promotion ou la vente
des produits du tabac avait libre cours dans toutes les universités
scrutées par les chercheurs.
Les auteurs de cette étude - des étudiants des
trois cycles de huit universités canadiennes, dont Élizabeth
Lessard, Marion Schnebellen et Isabelle Tremblay, supervisées
par le professeur Fernand Turcotte du Département de médecine
sociale et préventive de l'Université Laval, -
soulignent que deux éléments contribuent à
faire des campus un environnement de choix pour le marketing
des cigarettes. D'une part, ils sont fréquentés
par de jeunes adultes, un segment de la population qui fait abondamment
usage de tabac. Statistique Canada rapportait d'ailleurs, en
août, que le taux de tabagisme était 50 % plus élevé
chez les étudiants des collèges et des universités
que dans l'ensemble de la population (21 %). D'autre part, les
campus se prêtent bien à une forme de marketing
alternatif décentralisé parce qu'ils disposent
de leurs propres médias, bars et restaurants.
"Les jeunes adultes sont les premières cibles "légales"
des compagnies de cigarettes et celles-ci utilisent tous les
moyens à leur disposition pour faire la promotion de leurs
produits sur les campus, souligne Isabelle Tremblay. Les universités,
qui devraient donner l'exemple en matière de protection
de la santé publique, interviennent peu, soit par ignorance,
soit pour des motifs financiers."
Les universités qui ont adopté de sévères
politiques de contrôle de la cigarette sont l'exception
plutôt que la règle, notent les auteurs dans leur
rapport rédigé pour le compte de Physicians for
a Smoke-free Canada. Dans l'ensemble, il y a un manque de conscientisation
chez les dirigeants des universités et des associations
étudiantes face à la question du tabagisme et les
mesures de base de santé publique tardent à être
implantées dans la plupart des institutions, concluent-ils.
"Les organismes engagés dans la lutte contre le tabagisme
doivent cibler les universités, comme le font les fabricants
de cigarettes", estime Isabelle Tremblay.
À Laval
Les auteurs de l'étude accordent des points à
l'Université Laval pour sa politique antitabac qui interdit
l'usage de la cigarette dans les salles de cours, les locaux
d'enseignement et les résidences d'étudiants. Ils
soulignent également que, parmi les 22 universités
sondées, Laval et l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard
sont les seules qui ont adopté des politiques restreignant
les dons en provenance des fabricants de cigarettes. Par contre,
l'existence de points de vente de cigarettes sur le campus, la
publication d'annonces publicitaires de fabricants de cigarettes
dans les journaux étudiants et l'autorisation de fumer
dans les bars et restaurants étudiants du campus abaissent
la note globale de l'Université dans sa lutte au tabagisme.
Il est à noter que le Conseil d'administration du Pub
du pavillon Alphonse-Desjardins vient de décider qu'il
sera désormais interdit d'y fumer avant 17 h. Cette mesure
devrait entrer en vigueur cette semaine.
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