Chaleur, lumière, acoustique et fluidité
Quatre étudiants de l'École d'architecture se
distinguent à un concours nord-américain de design
de laboratoires
par Yvon Larose
Claude Demers et André Potvin, deux professeurs de
l'École d'architecture de l'Université Laval, n'étaient
pas peu fiers, en juin dernier, lorsque l'Association of Collegiate
Schools of Architecture de Washington D.C. a fait connaître
les noms des gagnants, pour 2003-2004, du Concours étudiant
de design de laboratoires du 21e siècle. Quatre étudiants
inscrits à l'atelier "Ambiances physiques et design",
donné l'hiver dernier par les deux professeurs, ont ainsi
été honorés. Étienne Boudreault-Sauvageau
et Pascal Gobeil ont reçu le deuxième des trois
prix offerts. Véronique Proteau et Marie-Hélène
Verdier ont mérité, quant à elles, l'une
des cinq mentions d'honneur. Cette compétition réunissait
200 équipes des États-Unis et du Canada. Elle avait
pour thématique la conception d'un bâtiment d'enseignement
abritant des laboratoires de biologie et de chimie sur un terrain
de l'Université Georgetown à Washington. Les concurrents
devaient tenir compte de contraintes environnementales, comme
la réduction des coûts en énergie et le principe
du développement durable. Ils devaient aussi considérer
des facteurs climatiques comme la chaleur et l'humidité.
Un projet cohérent et écologique
Le duo Boudreault-Sauvageau - Gobeil a intitulé son
projet: "Green Over Gray". "Notre intervention
architecturale proposait un mutualisme entre architecture et
environnement, entre objet et nature", explique Étienne
Boudreault-Sauvageau. Le bâtiment imaginé est fait
de bois et de verre (deux matériaux durables), et de béton
ultra-haute performance. Autonomes, les laboratoires possèdent
leur propre système de contrôle des ambiances physiques
relativement à la chaleur, à la lumière
et à l'acoustique. Deux aspects originaux caractérisent
le projet: l'utilisation de tours à vent et de marquises.
"Chacun des labos est desservi par une tour à vent
qui a pour fonction d'aller chercher le vent à une hauteur
plus élevée que le bâtiment, indique l'étudiant.
Ces tours marquent l'espace extérieur du bâtiment
et fournissent un apport d'air supplémentaire aux laboratoires
dont l'air doit être changé régulièrement.
Les tours ont aussi pour fonction de soutenir les marquises qui
jouent un rôle de second toit fait de tôle ondulée.
Ces marquises permettent de contrôler l'ensoleillement
de la cour et protègent les labos de gain thermique direct.
Elles permettent aussi, en participant à l'effet de cheminée,
de laisser entrer un certain volume d'air dans les laboratoires.
En d'autres mots, elles accentuent l'effet d'extraction de l'air
par l'accélération du vent." Le système
imaginé par le duo Boudreault-Sauvageau Gobeil permet
d'éviter de chauffer ou de climatiser le bâtiment
de façon mécanique à l'automne et au printemps.
Un ensemble fluide
Le projet de Véronique Proteau et Marie-Hélène
Verdier consiste en un ensemble fluide d'unités volumétriques
autonomes contenant les laboratoires, les bureaux et les salles
de cours. Ces unités sont reliées entre elles par
une grande toiture, des coursives, une serre, des terrasses et
des jardins. Leur positionnement leur permet de tirer profit
de la ventilation naturelle et de l'éclairage naturel,
par exemple de profiter au maximum des vents dominants et de
la lumière naturelle. Chaque unité possède
un système de recueillement des eaux de pluie et de traitement
des eaux usées. Une fois recueillies ou traitées,
ces eaux sont redirigées vers les laboratoires, le réseau
sanitaire et les jardins. Des panneaux solaires fournissent l'alimentation
en énergie. "Nous avons visé un design simple
et intégré, avec des solutions passives et à
contenu technologique faible autant que possible, explique Marie-Hélène
Verdier. Notre bâtiment permet de réduire la facture
énergétique relative à l'air climatisé
et à l'éclairage artificiel. À Washington,
la climatisation et l'éclairage représentent les
coûts d'exploitation les plus importants dans le fonctionnement
d'un laboratoire."
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