Pour qui sonnait le verglas?Lors de la crise qui a frappé le Québec en 1998, journalistes et politiciens ont souvent donné des sons de cloche différents Les journalistes qui ont couvert la crise du verglas ayant paralysé le Québec à l'hiver 1998 ont généralement bien fait leur travail. Faisant preuve de sens critique face au discours des politiciens, ils sont restés maîtres de la situation sans déraper dans la voie de la facilité, évitant le piège de la complaisance dans lequel il aurait été facile de tomber, en regard des différents messages émis par les gouvernement provincial et fédéral. C'est la conclusion à laquelle en est venu Marc-Brian Chamberland dans son mémoire de maîtrise en communication publique portant sur la rhétorique d'attribution et de conséquence lors de la crise du verglas. Pour les fins de cette étude, Marc-Brian Chamberland a analysé près de 600 articles (éditoriaux, chroniques, lettres et nouvelles) publiés du 5 janvier au 18 février 1998 dans les principaux quotidiens du Québec et les a comparés aux communiqués de presse émanant des cabinets de politiciens. "Les médias ont rarement repris l'argumentation proposée par les acteurs politiques", révèle Marc-Brian Chamberland. En témoignent notamment les justifications plutôt farfelues fournies à la presse par le cabinet Lucien Bouchard pour expliquer l'approbation du plan stratégique d'Hydro-Québec, sans qu'il y ait eu consultation publique. L'adoption de ce décret avait provoqué le tollé entourant la construction des fameuses lignes de transport Hertel des Cantons et Grand Brûlé-Vignan. Quand les pendules retardent Un autre exemple offert par Marc-Brian Chamberland illustre bien à quel point les journalistes remettent parfois les pendules à l'heure, heure juste oblige. Au lendemain de l'annonce de programmes d'aide financière aux sinistrés par Lucien Bouchard dans laquelle le premier ministre s'attribue par voie de communiqué le mérite du geste, Jean-Philippe Décarie du Journal de Québec rappelle que le responsable de cette compensation est en fait le gouvernement fédéral, qui paiera 90 % de la facture. "C'est ce qu'on peut enfin appeler du fédéralisme rentable", indique le journaliste dans sa chronique du 14 janvier 1998. Variations sur un thème connu Au terme de cette étude, Marc-Brian Chamberland explique avec humour qu'il aurait en poche un bon sujet de maîtrise, si ce n'était déjà fait. "Paul Martin et le scandale de commandites, voilà où il y a matière à découvrir et à dire", laisse-t-il tomber. RENÉE LAROCHELLE |