Sur la pointe des pierresLouise Legendre propose ses sculptures intemporelles à la Galerie des arts visuels À première vue, les têtes et les corps sculptés de Louise Legendre, une finissante à la maîtrise en arts visuels, semblent émerger d'une gangue de pierre à la manière d'un artefact archéologique ou d'un objet façonné par la mer. Cependant, en s'approchant, la finesse de la physionomie et la précision du mouvement du corps apparaissent peu à peu, comme une figure surgissant doucement du brouillard lorsqu'on croise un passant. On découvre également qu'il s'agit d'uvres en argile et non en pierre. Cette exposition, présentée jusqu'au 29 août à la Galerie des arts visuels de l'Édifice La Fabrique, se dévoile donc en l'arpentant avec délicatesse. On peut alors prendre la peine mesure de la coexistence entre le style figuratif des sculptures et l'aspect très contemporain de la mise en scène. Placées dans l'immensité blanche de la galerie, les petites sculptures de Louise Legendre semblent animées d'une vie propre. Patinées dans les tons gris, ces danseuses en arabesque, parfois tendues à l'extrême ou simplement pensives, conservent un aspect flou comme si leur mouvement se poursuivait au-delà leur fabrication. "On retrouve une imprécision et un effacement qui évoquent la disparition, l'insondable et nous amènent dans un espace où l'on se joue des repères du temps", explique l'artiste dans son mémoire de maîtrise. Le temps brouillé "Au départ, c'est le mouvement des danseurs classiques qui m'attirait, raconte Louise Legendre. J'ai longtemps pratiqué la danse et j'ai l'impression que les nombreux ballets que j'ai vus m'inspirent." Psychologue de formation et de métier, la finissante a effectué un retour aux études d'abord en temps partiel lors de son baccalauréat en arts visuels, puis à temps complet pour la maîtrise. Depuis quelques années, elle prend un plaisir fou à sentir des formes naître sous ses doigts à partir de l'argile brute, sans vraiment savoir où cette passion artistique l'entraînera. "J'ai l'impression que ce travail n'est pas si loin de ma profession, car la psychologie touche à l'humain tout comme les arts", confie la sculpteure. Elle souhaite donc continuer à créer ces figures qui effleurent simplement la toile, ou parfois au contraire s'imposent en trois dimensions dans le bloc d'argile. Un peu à la manière de personnages qui surgiraient de son imagination sans demander l'autorisation. Pascale Guéricolas |