Dans les fosses de l'histoireDes étudiants du chantier-école d'archéologie ont fouillé le site de l'îlot des Palais Des déchets de cuisine comme des os de boucherie, des coquilles d'ufs ou des macro-restes végétaux, des objets de céramique domestique comme des bols, des chopes de bière et des pots de chambre, ainsi que des verres et des coupes en verre, des morceaux de tissu, et même deux chaussures de cuir, voilà ce qu'une équipe de fouilleurs du chantier-école d'archéologie de l'Université Laval a trouvé, entre mai et juin 2004, dans une ancienne fosse d'aisances mise au jour à l'extrémité extérieure nord-est du site de l'îlot des Palais, près de la gare du Palais, dans la basse-ville de Québec. Le chantier-école est dirigé par Réginald Auger et Allison Bain, tous deux professeurs au Département d'histoire. "La plupart des artefacts remontent à la période comprise entre la fin du 18e siècle et la première moitié du 19e siècle", indique Marie-Annick Prévost, étudiante à la maîtrise en archéologie. Avec son confrère François Ponton, elle a supervisé durant cinq semaines un groupe de sept fouilleurs, tous étudiants au bac en archéologie, sur un chantier d'environ onze mètres sur quatre. Marie-Annick Prévost se dit impressionnée par la qualité des conditions de préservation offertes par l'ancienne fosse d'aisances. Selon elle, la présence d'urine dans ce milieu sans air aurait entraîné une réaction chimique favorable à la protection des artefacts faits de matière organique. Profonde d'environ un mètre, la fosse mesure approximativement un mètre et demi de côté. "Dans ces endroits, souligne-t-elle, les artefacts se retrouvent en grande quantité sur une petite surface. Et on y trouve beaucoup de restes organiques comme les déchets domestiques qui peuvent nous apprendre des choses sur la vie quotidienne des gens ordinaires, ce qu'ils mangeaient et quels étaient leur état de santé et leurs conditions d'hygiène." Elle insiste sur les nombreux morceaux de textile découverts. "Ils sont tous en lambeaux et ils sont faits de lin, de laine et de coton, dit-elle. Les pièces en laine sont tricotées, les autres sont tissées. On trouve des motifs sur certains tissus. Notre hypothèse est que ces artefacts ont pu servir de bandages, de serviettes hygiéniques pour femmes, ou même de papier hygiénique." Latrines et fours à malt L'opération de fouilles a également permis la mise au jour des vestiges de deux fours à malt. Ces structures en brique servaient au séchage de l'orge. Elles faisaient partie de la malterie de la brasserie Boswell, une société créée au milieu du 19e siècle. Enfin, la découverte d'un alignement de dessus de bouts de pieux, sur une distance de deux ou trois mètres, donnerait à penser que l'on serait en présence de la palissade qui entourait le premier palais de l'intendant. YVON LAROSE |