Croissance ligneuse sur le campus
Le futur Centre de transformation sur le bois
ouvré intégrera les principes de l'architecture
"verte"
Quiconque passe à proximité du chantier du futur
Centre de transformation sur le bois ouvré (CTBO) ne peut
qu'être frappé par la beauté de cette imposante
structure entièrement faite de bois qui s'érige
un peu plus chaque jour à l'extrémité ouest
du pavillon Abitibi-Price, sur le campus de l'Université
Laval.
Construit en bordure de l'autoroute Du Vallon au coût de
21,9 millions de dollars, ce centre de recherche unique au Canada
aura une superficie nette de quelque 4 900 mètres carrés.
Il sera opérationnel à l'hiver 2005. Il aura une
vocation de formation et de recherche, tant fondamentale qu'appliquée
et ce, aux trois cycles d'enseignement universitaire. Il s'agira
du plus important noyau de recherche en seconde transformation
du bois au pays. Le CTBO aura aussi une fonction de "vitrine"
puisqu'il mettra en valeur les différentes utilisations
du bois. Enfin, il portera l'étiquette "durable"
ou "vert" puisqu'il sera fait de matériaux non
polluants, non toxiques, renouvelables et recyclés. Dans
cet esprit, il offrira un environnement de travail optimal en
ce qui regarde la qualité de l'air, l'acoustique et l'éclairage.
Et il sera performant sur le plan énergétique puisqu'il
devrait permettre une réduction d'au moins 22 % de la
facture énergétique, comparé à un
bâtiment de dimensions semblables en béton. La consommation
d'eau potable sera également réduite grâce
à un réseau sanitaire à faible débit.
"Nous avons fait tout ce qui était possible de faire
dans l'optique du développement durable, explique André
Moisan, de la firme d'architectes Gauthier Gallienne Moisan qui
a réalisé les plans et devis du CTBO. À
tous les niveaux, nous avions des préoccupations de type
environnemental. Pour les fondations par exemple, nous avons
particulièrement fait attention au type d'agrégat
et nous avons remplacé une partie du ciment par un produit
alternatif." Le plus grand défi des architectes
a consisté à limiter au minimum l'utilisation de
l'éclairage artificiel dans la grande majorité
des locaux. "C'est l'aspect sur lequel nous sommes allés
le plus loin, indique André Moisan. Nous voulions obtenir
un bilan énergétique positif malgré un grand
nombre de fenêtres. Nous nous sommes basés sur les
études de Claude Demers et André Potvin, professeurs
à l'École d'architecture de l'Université
Laval, et de leur groupe de recherche, le GRAP. Ces études
démontrent qu'il sera possible d'économiser sur
le coût de chauffage au CTBO tout en obtenant une luminosité
exceptionnelle dans les locaux."
Une contribution majeure
Le Groupe de recherche en ambiances physiques a joué
un rôle de premier plan dans la dimension "verte"
du futur CTBO. Ses membres ont participé aux réunions
des architectes à la demande du Service des immeubles
de l'Université. Ils ont formulé une série
de recommandations, découlant de nombreuses simulations
à l'ordinateur, qui furent prises en compte dans l'élaboration
des plans et devis. "Dès le début, rappelle
André Potvin, nous avons insisté sur la qualité
de l'air en ne sacrifiant pas sur le confort thermique. Le bâtiment
aura une ventilation hybride. Lorsque la température extérieure
le permettra, les occupants pourront ouvrir les fenêtres
sans compromettre le système mécanique de ventilation."
La section des ateliers lourds, équipée de puits
de lumière de grandes dimensions, avoisinera l'autoroute
Du Vallon, une importante source de bruit. Cet espace jouera
le rôle d'écran acoustique pour la partie est du
bâtiment où se trouveront les locaux administratifs
et de réunion, ainsi que les salles de cours. Le CTBO
aura une enveloppe à très haute résistance
thermique, supérieure aux normes du Code du bâtiment.
Pour la première fois sur le campus, un bâtiment
sera équipé d'un mur capteur solaire, au niveau
des ateliers lourds. En captant le rayonnement solaire, ce système
permettra de préchauffer l'air ambiant. Des ouvertures
vitrées joueront le même rôle ailleurs. Par
son orientation générale, le Centre profitera au
maximum de l'éclairage naturel, en particulier en hiver.
L'exposition au soleil permettra aussi des gains énergétiques
en matinée au moment de la plus grande demande de chauffage.
L'été, des dispositifs d'occultation solaire, tout
en laissant passer la lumière, permettront de minimiser
les risques de surchauffe.
Les chercheurs du CTBO développeront des produits du bois
à valeur ajoutée tels que bois jointé, poutres
lamellées collées, planchers de bois, poutrelles
de toit, etc. Ils auront à leur disposition une vingtaine
de laboratoires spécialisés dans le domaine des
sciences du bois, celui des technologies de transformation et
celui de la sylviculture. Le Centre constitue l'élément
principal d'un ambitieux projet de réseau de recherche
pancanadien en seconde transformation du bois. Ce projet est
mené par un consortium réunissant quatre universités
(Laval, Colombie-Britannique, Toronto, Nouveau-Brunswick) ainsi
qu'un institut privé de recherche sur le bois (Forintek
Canada).
YVON LAROSE
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