
Sept célébrations de la réussite
Les cérémonies de collation des
grades ont attiré
environ 10 000 personnes au PEPS, les 5, 6, 12 et 13 juin
«J'ai été impressionné par l'ampleur
de la cérémonie et par tout le décorum,
notamment la musique. J'ai éprouvé une fierté
certaine à recevoir mon diplôme des mains du recteur,
devant mes parents et les autres diplômés. Mon sentiment
d'appartenance à l'Université s'est trouvé
renforcé ce jour-là.» Yan Morin (doctorat
en médecine) gardera un très beau souvenir de sa
collation de grades tenue le samedi 5 juin au Stade couvert du
PEPS de l'Université Laval. Guylaine Chiasson (doctorat
en médecine dentaire) a reçu son diplôme
le même jour.
L'événement fut pour elle un moment important de
sa vie ainsi qu'une belle cérémonie. Les récipiendaires
de doctorats d'honneur et du titre de professeur émérite,
présents sur la scène, l'ont particulièrement
impressionnée. «Ces personnes, dit-elle, donnent
un bon exemple à suivre. C'est un encouragement à
faire comme eux.» Sa mère l'accompagnait, ainsi
que sa petite fille. «Sans mes parents, explique-t-elle,
je n'aurais pas pu accomplir ce que j'ai accompli. Et ma fille
avait un mois et demi lorsque j'ai commencé mes études
en médecine dentaire. Je lui avais promis de les terminer.»
Un événement majeur
Yan Morin et Guylaine Chiasson figurent parmi les 2 681 étudiantes
et étudiants à avoir participé cette année
à la collation des grades. Ces participants représentent
environ le tiers de l'ensemble des diplômés de l'année
académique 2003-2004 (été, automne, hiver),
60 % d'entre eux étant des femmes. L'Université
Laval compte désormais plus de 200 000 diplômés.
La collation des grades est un événement majeur
par lequel l'Université souligne avec faste la fin d'un
cycle d'études chez ses étudiantes et étudiants.
Elle a lieu annuellement au mois de juin dans l'immense Stade
couvert du PEPS. Cette année, la remise des diplômes
a nécessité sept cérémonies distinctes
et s'est déroulée sur deux fins de semaine d'affilée,
soit les 5, 6, 12 et 13 juin. Avec les parents, conjoints, enfants
et amis sur place, sans oublier les dignitaires, on estime qu'environ
10 000 personnes ont assisté aux cérémonies.
Émotion et solennité
En ce samedi 5 juin, l'amphithéâtre baignait
dans une semi-obscurité, tandis que la scène et
de grandes bannières aux couleurs institutionnelles, bien
éclairées, attiraient les regards. Quelque 2 200
chaises recouvraient une bonne partie du plancher. Tandis que
la vaste salle se remplissait, les hauts parleurs diffusaient
une musique d'ambiance on ne peut plus appropriée: le
fameux et solennel Pomp and Circumstance, d'Edgar Elgar.
Puis, les diplômés revêtus de la toge noire
attachée d'une boucle rouge ont fait leur apparition.
Entrant un à un dans l'enceinte du Stade couvert, ils
se sont dirigés d'un pas décidé à
la place qui leur était assignée. Derrière
le cordon de sécurité, de nombreuses personnes
guettaient leur entrée dans la salle, soit pour les photographier
ou les filmer, soit pour leur faire signe de la main, leur sourire
ou leur parler. L'émotion était palpable. Enfin,
le défilé universitaire s'est mis en branle, conduit
par un étudiant finissant porteur de la masse, tandis
que, dans les hauts parleurs, Edgar Elgar cédait la place
à Georg Friederich Haendel et à sa Music for
the Royal Fireworks.
Le recteur Michel Pigeon s'est adressé à 498 finissantes
et finissants des facultés de Médecine, de Médecine
dentaire, de Pharmacie et des Sciences infirmières, ainsi
que des Études supérieures. Il a qualifié
la collation des grades de «moment émouvant et solennel».
«C'est un moment de joie aussi, a-t-il ajouté, car
nous célébrons la réussite. Je dis "nous
célébrons» parce que votre succès
rejaillit sur tous ceux et celles qui vous ont accompagnés
tout au long de votre parcours des dernières années.
Je dis aussi «nous», parce que vos succès
font la fierté de l'Université Laval. Ils la confirment
dans sa raison d'être et dans ce qu'elle a de plus noble:
la formation de personnes compétentes, responsables, ouvertes
sur le monde et sur l'avenir.»
Etre un professionnel
Cet après-midi-là, l'Université Laval
a décerné deux doctorats honoris causa à
des personnalités du monde de la santé. Richard
L. Cruess, un chirurgien orthopédiste de haut niveau et
professeur à l'Université McGill, a reçu
un doctorat ès sciences pour sa longue carrière.
Après avoir reçu son doctorat des mains du recteur,
le récipiendaire a revêtu l'épitoge et signé
le Livre d'or de l'Université. Dans son discours (voir
encadré en ces pages), il a insisté sur ce que
signifie être un professionnel dans la société
d'aujourd'hui. «Les privilèges que la société
octroie aux professionnels, a-t-il expliqué, nous sont
accordés à la condition que nous fassions toujours
primer les intérêts des patients et de la société.»
June F. Kikuchi, une chercheure en sciences infirmières
et professeure émérite à l'Université
de l'Alberta, a reçu un doctorat honorifique en sciences
infirmières pour son énorme contribution
au développement théorique de la discipline. «Je
suis redevable à ma collègue Helen Simmons de m'avoir
posé une question, une seule question que je croyais à
ce moment simple à résoudre, a-t-elle rappelé
dans son discours. Mais cette question allait troubler la paix
de mon esprit et infléchir la suite de ma carrière.
Cette question était: «Qu'est-ce que le nursing?».
Marc Pelchat, doyen de la Faculté des études supérieures,
a ensuite mentionné que 1 931 étudiantes et étudiants
avaient obtenu un grade de deuxième ou de troisième
cycles en 2003-2004. «Plusieurs, a-t-il ajouté,
ont obtenu la mention «excellent» de la part de tous
les examinateurs de leur mémoire ou de leur thèse.»
Au cours de la cérémonie, trois professeurs à
la retraite de l'Université Laval ont été
élevés au rang de «professeur émérite».
Ce sont Gilles Barbeau et Gaston Labrecque, anciennement de la
Faculté de pharmacie, et Yves Warren, anciennement de
la Faculté de médecine. Quant à Caroline
Sirois, finissante à la maîtrise en pharmacie d'hôpital,
elle a reçu la médaille d'or de la gouverneure
générale du Canada. Cette récompense est
remise, par établissement universitaire, à l'étudiante
ou à l'étudiant qui obtient les meilleures notes
dans un programme d'études menant soit à un grade
de baccalauréat (argent), soit à un grade de maîtrise
ou de doctorat (or).
La cérémonie a pris fin par le défilé
de clôture tandis que jouait la version instrumentale de
l'hymne de l'Université Laval, Savoir et beauté.
Le Québec forestier
L'avant-midi du dimanche 6 juin a vu le recteur faire une
remise de diplômes à 222 finissantes et finissants
des facultés de Foresterie et de Géomatique, des
Sciences de l'agriculture et de l'alimentation ainsi que des
Études supérieures. Gaston St-Laurent, professeur
à la retraite de la Faculté des sciences de l'agriculture
et de l'alimentation, a été proclamé "professeur
émérite". Pierre Monahan, président
de Bowater Produits forestiers du Canada et premier vice-président
de la papetière américaine Bowater Inc., a pour
sa part reçu un doctorat honorifique en sciences forestières.
Selon lui, l'industrie forestière québécoise
vit une mutation permanente. «Grâce à vos
travaux, à votre enseignement et aux applications toujours
plus raffinées de la haute technologie, a-t-il dit aux
diplômés et à leurs professeurs, je suis
certain que le Québec continuera pour longtemps de se
distinguer comme un excellent intendant forestier.»
En après-midi, des diplômes ont été
remis à 369 finissantes et finissants de la Faculté
des sciences et de génie, ainsi que des Études
supérieures. L'Université Laval a également
proclamé "émérites" quatre professeurs
associés de la Faculté des sciences et de génie,
soit Pierre-André Bourque, André Galibois, Denis
Poussart et Claude St-Pierre. Cette faculté a innové
cette année avec la remise de la Mention rouge et or.
La récompense a été attribuée à
106 finissantes et finissants du premier cycle ayant maintenu
une moyenne cumulative supérieure ou égale à
«A moins» (85 %). Isabelle Lachance, finissante au
baccalauréat en actuariat, s'est vue décerner la
médaille d'argent de la gouverneure générale
du Canada. Quant à Adi-Laurentiu Tarca, finissant au doctorat
en génie chimique, il a reçu un souvenir des mains
de Marc Pelchat pour souligner le fait que sa thèse constituait
le centième titre de la collection «Mémoires
et thèses électroniques» de la Bibliothèque
de l'Université Laval.
Réussir en affaires
La deuxième fin de semaine de collation de grades
a pris son envol en présence de 345 finissantes et finissants
de la Faculté des sciences de l'administration et de la
Faculté des études supérieures. Le fait
saillant de la cérémonie de la matinée du
samedi 12 juin a été la remise d'un doctorat en
sciences de l'administration honoris causa à Stephen
A. Jarislowsky, président du conseil et chef de la direction
de Jarislowsky, Fraser ltée. Administrateur chevronné
et financier hors pair, le récipiendaire a donné
quelques conseils aux diplômés désireux de
se lancer en affaires. «Travaillez pour des compagnies
bien gérées, a-t-il dit. N'ayez pas peur de travailler
fort et intelligemment, et suivez une éthique sûre
à 100 %.» Selon lui, le vrai succès dans
la vie réside dans l'estime des autres. «Utilisez
donc votre vie de travail pour obtenir ce respect en devenant
un vrai role model, un mentor pour ceux autour de vous,
et surtout pour ceux qui vous suivent.» Khaled Jabeur,
finissant au doctorat en sciences de l'administration, a ensuite
reçu la médaille d'or de la gouverneure générale
du Canada.
L'après-midi du 12 juin a permis à 420 étudiantes
et étudiants de recevoir leur diplôme des mains
du recteur Pigeon. La Faculté de droit, la Faculté
des sciences sociales, l'Institut québécois des
hautes études internationales ainsi que la Faculté
des Études supérieures étaient à
l'honneur. Isabelle Dubreuil-Royer, finissante au bac en psychologie,
était sans nul doute émue de monter sur la scène
pour recevoir son diplôme puisque son père, Égide
Royer, professeur titulaire au Département d'études
sur l'enseignement et l'apprentissage de l'Université
Laval, était assis parmi les dignitaires. «J'avais
demandé, dit-il, d'être intégré au
cortège afin d'avoir le plaisir d'«accueillir»
ma fille sur scène.» Ivan Bernier et Henri Brun,
professeurs associés à la Faculté de droit,
et Antoine Ayoub, professeur associé à la Faculté
des sciences sociales, ont été nommés «professeurs
émérites». Véronique Vachon, finissante
au baccalauréat en psychologie, s'est vue remettre la
médaille d'argent de la gouverneure générale
du Canada. Et Christian Lalive d'Épinay, sociologue et
professeur à l'Université de Genève, reconnu
pour ses travaux sur le développement et le changement
social, la religion et le vieillissement, a reçu un doctorat
honorifique en sciences sociales. Selon lui, le défi du
sociologue consiste à articuler l'imagination du possible
sur l'analyse du réel. «Le sociologue, a-t-il expliqué,
doit traiter le réel d'aujourd'hui non comme un aboutissement
clos, mais comme le champ des possibilités de l'avenir,
et ainsi en dégager, esquisser, dessiner certaines de
ses possibilités.»
Un pari optimiste
Quatre-cent-dix-sept finissantes et finissants ont envahi
le Stade couvert dans la matinée du dimanche 13 juin.
La cérémonie était consacrée aux
facultés de Philosophie, des Sciences de l'éducation,
de Théologie et de Sciences religieuses, des Études
supérieures, ainsi qu'à la Direction du baccalauréat
multidisciplinaire. Lucien Morin, professeur associé de
la Faculté des sciences de l'éducation et Jean-Paul
Rouleau, professeur retraité de la Faculté de théologie
et de sciences religieuses, ont été élevés
au rang de «professeur émérite». Mathieu
Robitaille, finissant à la maîtrise en philosophie,
a pour sa part reçu la médaille d'or de la gouverneure
générale du Canada. Et le dominicain et théologien
Claude Geffré a reçu des mains du recteur un doctorat
en théologie honoris causa. Dans son discours,
il a fait un pari optimiste sur l'avenir du christianisme. «Je
serais même tenté de dire que le christianisme,
pour une grande part, est la religion de l'avenir, a-t-il indiqué.
Le motif principal de mon optimisme tient à l'originalité
même du christianisme comme religion. Je crois de plus
en plus qu'il y a une complicité intime entre lui et l'humain
véritable.»
Créer des sentiments
L'ultime cérémonie réunissait les facultés
d'Aménagement, d'Architecture et des Arts visuels, des
Lettres, de Musique et des Études supérieures.
Le recteur a remis 410 diplômes à cette occasion,
ainsi que deux doctorats honorifiques, le premier, en architecture,
à l'architecte Dan S. Hanganu, le second, ès lettres,
à l'historien Philippe Joutard. Il a aussi présenté
le quatorzième et dernier professeur émérite
de la collation des grades 2004: Frans Brouw, de la Faculté
de musique. Pour sa part, Jacques Mathieu, doyen de la Faculté
des lettres, a remis le prix Mary-Coppin, de l'Ordre des traducteurs,
terminologues et interprètes agréés du Québec,
à Maya de Lorimier, finissante au baccalauréat
en traduction.
Dans son allocution, Dan S. Hanganu a insisté sur le fait
que l'architecture va au-delà de la construction proprement
dite. «L'architecture, a-t-il expliqué, peut créer
des sentiments en utilisant les matériaux, les espaces,
la lumière. Je crois qu'elle peut créer un cadre
de vie dans lequel l'homme se sent, non seulement bien, mais
ce qu'il doit être: digne.» Pour sa part, Philippe
Joutard a parlé de l'un des défis qui attendent
les jeunes diplômés de sciences humaines. «Ce
défi, a-t-il dit, est le suivant: comment gérer
des mémoires collectives antagonistes et qui ne demandent
qu'à être meurtrières? Comment, non pas les
réconcilier, il ne faut pas rêver, mais comment
les apaiser pour rendre au moins notre monde habitable?»
YVON LAROSE
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