Pas de compassion sans solidarité
À l'heure où le monde entier tremble, les
travailleurs sociaux de tous les pays joignent leurs forces
En Palestine, des parents n'osent plus envoyer leur enfant
à l'école de peur qu'il soit victime d'un acte
terroriste. En Afrique, des enfants de 10 ans se retrouvent seuls
au monde, le sida ayant décimé toute leur famille.
À la frontière Sud des États-Unis, des sans
papiers qui aspirent à une vie meilleure attendent des
jours entiers avec leur bébé dans les bras, sans
aucun soutien moral. Par les temps qui courent, tels sont les
types de situations auxquels font face les travailleurs sociaux
dans le monde.
«La société change et la pratique du service
social doit en même temps s'adapter aux besoins et relever
de nouveaux défis», souligne à cet effet
Serge Beaumont, professeur à l'École de service
social à l'Université Laval et président
du comité scientifique de la Quatrième Conférence
internationale du service social en santé et en santé
mentale qui s'est déroulé récemment à
Québec. Près de 800 participants ont ainsi assister
à des conférences prononcées par une cinquantaine
de travailleurs sociaux provenant de toutes les régions
du monde. Supporté par le Réseau international
du service social en santé et en santé mentale,
l'événement avait lieu pour la première
fois en Amérique du Nord, les hôtes officiels étant
l'Université Laval et l'Hôtel-Dieu de Lévis.
«Lutter contre la souffrance humaine, contre les causes
et les conséquences de la maladie, c'est enrichir l'humanité,
explique Serge Dumont. Ce rassemblement a été une
occasion privilégiée de réfléchir
sur la contribution du service social au développement
d'un monde davantage empreint de compassion et de solidarité."»
Conçu afin de maximiser les échanges entre les
participants et de favoriser l'émergence de nouveaux partenariats,
le programme de ce grand rassemblement touchait des questions
cruciales quant à l'apport d'un monde plus humain. Par
exemple, l'idéologie et le pouvoir dans le système
de la santé mentale sont-ils des obstacles à la
compassion? Dans quelle mesure les politiques ayant un impact
sur la santé tiennent-elles compte des résultats
de recherche? Quelle est la nature des liens existant entre la
violence et d'autres problématiques comme la pauvreté,
la santé mentale et la toxicomanie?
Valorisation et soutien
Professeur à l'École de service social, Myreille
St-Onge croit que les personnes aux prises avec des problèmes
graves de santé mentale ont avant tout besoin qu'on croit
en leur potentiel de s'en sortir. «Il faut valoriser leur
courage à affronter les conséquences des troubles
mentaux et respecter leurs décisions, tout en leur offrant
un soutien indéfectible. Je vois les travailleurs sociaux
comme des phares qui aident les personnes à reprendre
leur place au sein de la société. C'est dans cet
esprit que nous travaillons d'abord avec l'environnement de la
personne, soit la famille et les proches.» Selon Myreille
St-Onge, le rétablissement des personnes passe par leur
capacité de se prendre en main et le travailleur social
peut l'aider à se rétablir en lui suggérant
des actions concrètes comme joindre des groupes d'entraide,
bien s'alimenter ou tout simplement, prendre ses responsabilités.
«Le rétablissement en santé mentale n'est
pas nécessairement vécu en totalité, mais
l'important demeure d'y travailler et surtout d'y croire.»
Renée Larochelle
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