Harry Potter ou le déclic de la lecture
Le populaire sorcier contribuerait à éloigner
le spectre du décrochage scolaire
On savait que la lecture ouvrait les portes de l'imaginaire et
de la connaissance. Avec Harry Potter dans le décor de
la littérature pour enfants, ce sont des murs entiers
qui s'écroulent sous la poussée de la curiosité
et de l'intérêt de millions de filles et de garçons
dans le monde. Qui plus est, le célèbre personnage
à lunettes rondes pourrait bien représenter une
solution au décrochage scolaire des garçons au
Québec. Telle est la conclusion préliminaire d'une
étude menée par Pierre W. Bélanger, professeur
retraité de la Faculté des sciences de l'éducation.
«L'idée de faire lire Harry Potter à des
élèves afin de voir si cela améliorerait
leurs résultats scolaires en français nous est
venue lors de la sortie du premier tome, explique Pierre W. Bélanger.
Nous avons ainsi comparé les résultats en français
de deux classes de 5e année, issues de milieux défavorisés
de la région de Québec. L'une des classes suivait
le programme régulier du ministère de l'Éducation,
tandis que l'autre lisait Harry Potter à l'école
des sorciers. En bout de ligne, les garçons qui ont
lu Harry Potter ont accru leur moyenne de 34,1 points
entre le premier et le second examen. Ceux qui étaient
dans la classe régulière n'ont amélioré
leur score que de 25,3 points.»
Fait intéressant, les garçons qui se délectaient
des mésaventures d'Harry Potter ont obtenu des notes plus
élevées que les filles de leur classe. Le populaire
sorcier serait-il en passe de sortir les jeunes Québécois
du bourbier du décrochage? «Il est certain que la
lecture améliore les résultats scolaires et que
de meilleurs résultats scolaires amènent l'élève
à développer une plus grande estime de soi, remarque
Pierre W.Bélanger. Plus on est motivé à
l'école et moins on décroche. C'est une roue qui
tourne.»
Au Québec, le décrochage scolaire touche deux fois
plus de garçons que de filles. Selon plusieurs études,
le décrochage serait relié aux aptitudes en lecture.
Comme dans les livres de J.K Rowling, l'aventure ne s'arrête
pas là. En effet, d'ici quatre ou cinq ans, Pierre W.
Bélanger a l'intention de contacter à nouveau les
élèves concernés afin de mesurer leur taux
de décrochage. Une histoire à suivre, c'est le
cas de le dire.
RENÉE LAROCHELLE
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