
Génération XX large
L'obésité infantile conduira à de graves
problèmes de santé au cours des prochaines décennies
Les enfants qui souffrent aujourd'hui de surpoids ne sont pas
condamnés à être gros toute leur vie, mais
ils auront énormément de travail à faire
pour se dégager des flasques tentacules de l'obésité.
C'est le triste constat qui s'impose au terme de la conférence
prononcée par le professeur Denis Richard, directeur du
Centre de recherche de l'Hôpital Laval et titulaire de
la Chaire de recherche sur l'obésité Donald B.
Brown, dans le cadre du Colloque sur l'obésité
infantile qui avait lieu le 14 mai sur le campus. Présenté
par le programme de kinésiologie de la Faculté
de médecine et par l'Ordre professionnel des diététistes
du Québec, cet événement, qui a réuni
plus de 300 participantes, cherchait à faire le point
sur l'épidémie d'obésité infantile
qui sévit actuellement et sur les moyens à prendre
pour la contenir.
Pendant une trentaine de minutes, le professeur Richard a présenté
d'écrasantes données sur l'épidémie
d'obésité qui s'est répandue, comme une
tache d'huile, des adultes jusqu'aux enfants. À travers
le monde, le nombre d'enfants gros ou obèses atteint plus
de 155 millions chez les 1 à 10 ans. En Amérique,
un enfant sur trois a un sérieux problème de poids;
en Europe, on parle de 1 sur 5. La prévalence de l'obésité
a triplé en 20 ans et elle progresse toujours. «On
a créé des environnements qui favorisent l'obésité»,
résume Denis Richard pour expliquer la lourde tendance.
Bien sûr, les jeunes bougent moins qu'autrefois, mais l'exercice
n'est pas la panacée. «J'accompagnais ma fille de
dix ans lors d'une récente compétition de natation
et environ le tiers des jeunes athlètes présentes
avaient un surpoids, raconte Denis Richard. L'abondance de nourriture
riche, la taille des portions et la palatabilité des aliments
contribuent également au problème.»
Mêle si la cause du surplus de poids paraît simple
on consomme plus de calories qu'on en brûle -, la
correction du problème est complexe. «Les rats de
laboratoire à qui on donne une alimentation riche de leur
naissance jusqu'à l'âge de huit semaines accumulent
rapidement un excès de poids, relate Denis Richard. Par
la suite, même si on leur donne de la moulée standard,
ils demeurent plus gros que les animaux qui ont toujours eu une
alimentation normale. La consigne de poids corporel monte rapidement,
mais elle est très difficile à faire baisser. Chez
les animaux comme chez les humains, le corps se défend
contre une perte de poids.»
L'avenir ne s'annonce pas rose pour les jeunes obèses.
«Il est très difficile de perdre du poids de façon
permanente une fois qu'on l'a gagné. Il faut beaucoup
de volonté et il faut modifier ses comportements de façon
durable. Pour plusieurs des enfants de l'épidémie
actuelle, ce ne sera pas suffisant. Ils vont devoir avoir recours
à la médication et même à la chirurgie»,
prédit Denis Richard.
JEAN HAMANN
|