
Avenir du Conseil de recherches en sciences humaines
L'Université dépose son mémoire
Les chercheurs veulent être étroitement
associés au processus de transformation de l'organisme
Les quelque 250 chercheurs et étudiants-chercheurs
de l'Université Laval qui ont pris part à la consultation
sur l'avenir du Conseil de recherche en sciences humaines du
Canada (CRSH) reconnaissent qu'il faut repenser les manières
de faire sans toutefois bouleverser de fond en comble les pratiques
actuelles. Voilà, en résumé, le ton du mémoire
institutionnel que l'Université vient d'adresser au CRSH
en réponse à son projet de transformation intitulé
D'un conseil subventionnaire à un conseil du savoir.
Rédigé par Luc Langlois, doyen de la Faculté
de philosophie et responsable de la consultation sur l'avenir
du CRSH sur le campus, le mémoire dresse les principaux
points qui se dégagent de la consultation menée
auprès de la communauté des chercheurs, qui a culminé
par la visite du président du CRSH, Marc Renaud, les 1er
et 2 avril sur le campus. De février à avril, le
doyen Langlois a visité les facultés de l'Université
touchées par le projet du CRSH afin d'expliquer la nature
des changements proposés et de recueillir les réactions
des chercheurs et des étudiants-chercheurs. Le rapport
de l'Université présente une synthèse des
préoccupations soulevées par les chercheurs plutôt
qu'une position commune.
Du pour et du contre
Le but de l'exercice entrepris par le CRSH est de convaincre
le gouvernement fédéral d'investir davantage de
fonds dans la recherche en sciences humaines. Pour y arriver,
l'organisme subventionnaire propose d'adopter un modèle
d'organisation de la recherche, vaguement inspiré des
Instituts de recherche en santé du Canada, qui vise à
briser l'isolement géographique et le cloisonnement disciplinaire
de la recherche en sciences humaines en favorisant le réseautage,
les programmes de recherche synergique, l'interdisciplinarité
et l'intégration de la recherche à la prise de
décisions, aux politiques et aux pratiques.
Si les chercheurs de l'Université Laval se disent d'accord
pour que le CRSH joue un rôle accru dans la structuration
de la recherche, ils s'étonnent de l'appel à une
plus grande connexité des recherches, parce que cette
dimension fait déjà partie des moeurs, estiment-ils.
Ils sont presque unanimes à souhaiter que la recherche
individuelle continue de recevoir un appui très substantiel
du Conseil et qu'on leur laisse le soin de définir les
structures de recherche qui conviennent à leurs objets
d'étude. Le projet de création de grands instituts
soulève d'ailleurs de nombreuses inquiétudes.
Presque tous les chercheurs et étudiants-chercheurs souhaitent
que le CRSH finance un plus grand nombre de chercheurs, plutôt
que de concentrer les subventions entre les mains d'un petit
nombre de chercheurs ultra-performants. Ils soulignent aussi
l'urgence et la nécessité d'assurer et d'accroître
le financement de la recherche fondamentale. Les programmes stratégiques
ont leur utilité, mais s'ils devaient se multiplier, la
recherche en viendrait "à dépendre d'une planification
d'esprit technocratique désirant mouler la base intellectuelle
des chercheurs", souligne le mémoire.
Les chercheurs comprennent qu'ils doivent s'efforcer de mieux
diffuser leurs résultats de recherche auprès du
public, mais ils s'inquiètent que le CRSH s'oriente vers
une vision strictement utilitaire du savoir. Pour intéresser
davantage le grand public et les médias aux travaux qui
se font en sciences humaines et sociales, le CRSH devrait appuyer
et revaloriser plus fermement les projets de recherche visant
la rédaction de livres et d'ouvrages de vulgarisation,
des productions présentement moins considérées
que les articles scientifiques dans l'évaluation des chercheurs.
"La vigueur des discussions qui ont eu lieu sur le campus
montre que les chercheurs et les étudiants de l'Université
Laval entendent être étroitement associés
au processus de transformation en cours. Le CRSH peut en tout
cas compter sur leur collaboration et leur appui dans la défense
qu'il s'apprête à faire de l'importance vitale,
pour l'avenir, le présent et la mémoire de nos
sociétés, de la recherche en sciences humaines
et sociales", conclut le mémoire.
Pour prendre connaissance de l'ensemble du mémoire, consultez
www.scom.ulaval.ca/crsh/crsh.pdf.
JEAN HAMANN
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