
9 % d'insomniaques au Québec
Les coûts des médicaments prescrits dépasseraient
152 M$ annuellement
L'insomnie frapperait 9,4 % de la population adulte du Québec,
selon une étude rendue publique par une équipe
de l'École de psychologie de l'Université Laval,
dans le cadre du 2e Congrès de la Société
canadienne du sommeil, qui avait lieu en fin de semaine dernière
à Québec. Mélanie LeBlanc, Charles Morin
et Meagan Daley viennent ainsi mettre un chiffre sur ce trouble
du sommeil dont on estimait la prévalence dans la fourchette
du 9 % à 15 %. Les chercheurs sont arrivés à
une estimation plus précise en réalisant un sondage
téléphonique, à l'automne 2002, auprès
de 2 000 Québécois âgés de 18 ans
ou plus.
Le sondage révèle également que 30 % des
répondants manifestent au moins un symptôme d'insomnie
trois nuits ou plus par semaine. Même si 25 % des répondants
se déclarent insatisfaits de la qualité de leur
sommeil, à peine 13 % ont déjà consulté
un professionnel de la santé à ce sujet. Parmi
les méthodes les plus répandues pour trouver le
sommeil, mentionnons la lecture (34 %), la musique (25 %) et
la relaxation (21 %). Les chercheurs soulignent également
que le recours aux produits naturels (16 % des répondants)
surpasse l'usage des somnifères (11 %). Enfin, 4 % des
répondants s'en remettent à l'alcool ou aux médicaments
en vente libre pour fermer l'oeil.
Qui dort économise
Les trois chercheurs ont également entrepris de quantifier
les coûts sociaux de l'insomnie au Québec. Pour
ce faire, ils ont utilisé les réponses fournies
à une série de questionnaires remplis par 1 362
répondants. Les résultats préliminaires
présentés au congrès à partir d'un
échantillon de 100 insomniaques et de 100 bons dormeurs
montrent qu'au cours des trois mois précédant l'enquête,
84 % des insomniaques avaient consulté un médecin
contre 44 % du côté des bons dormeurs.
Les chercheurs ont également rapporté que les insomniaques
présentaient des taux plus élevés que les
bons dormeurs aux chapitres de la consommation de médicaments
prescrits (63 % contre 40 %), de l'absentéisme au travail
(29 % contre 14 %), de la baisse de productivité (42 %
contre 12 %) et de la consommation d'alcool (15 % contre 3 %).
Pendant la période couverte par l'étude, les insomniaques
ont perdu l'équivalent de 9000 heures de travail contre
2000 heures pour l'autre groupe.
Environ 40 % des insomniaques prenaient des médicaments
contre l'insomnie, l'anxiété ou la dépression.
En extrapolant à l'ensemble de la population québécoise
les résultats obtenus dans le cadre de leur étude,
les chercheurs concluent que les dépenses en médicaments
prescrits pour traiter les insomniaques totaliseraient 152 M$
par année au Québec. «Il s'agit sans doute
d'une sous-estimation des coûts réels puisque de
nombreuses personnes, qui souffrent de problèmes de sommeil
sans être des insomniaques au sens strict du terme, consomment
elles aussi des médicaments sous prescription»,
précisent les chercheurs.
JEAN HAMANN
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