
Atkins dans les patates?
Une étude de l'INAF démontre qu'un régime
riche en glucides complexes peut réduire les risques de maladies
cardiovasculaires
Le professeur Benoît Lamarche ne veut pas faire le procès
du régime Atkins, mais une étude qu'il a présentée
à San Francisco en début mai, avec l'étudiante-chercheure
Sophie Desroches, apporte la preuve que les glucides ne sont
pas le monstre dépeint par le régime alimentaire
de l'heure aux États-Unis. Le régime Atkins, qui
attribue aux glucides l'épidémie actuelle d'obésité
et son cortège de maladies, propose d'éliminer
presque complètement les féculents et les autres
sucres de notre alimentation. En revanche, il recommande de consommer
davantage de protéines et de gras pour perdre du poids
et vivre en santé. La popularité de ce régime
est telle - environ 20 millions d'Américains l'auraient
adopté - qu'une nouvelle génération de produits
«faibles en glucides» a pris d'assaut les tablettes
des épiceries et que les producteurs de pommes de terre
de l'Est du Canada se retrouvent cette année avec d'énormes
surplus sur les bras!
L'un des éléments qui milite contre les régimes
riches en glucides est qu'ils abaissent le niveau de bon cholestérol
dans le sang. L'étude rendue publique lors du Congrès
de l'American Heart Association par les chercheurs Lamarche
et Desroches, de l'Institut des nutraceutiques et des aliments
fonctionnels (INAF), démontre qu'un tel régime
abaisse effectivement de 10 % le taux de bon cholestérol
sanguin. Toutefois, il provoque également une baisse équivalente
ou supérieure des indicateurs de risques cardiovasculaires.
Les chercheurs arrivent à ces constats après avoir
soumis une trentaine de sujets à une diète riche
en glucides. Les heureux participants consommaient, à
volonté, les plats préparés par l'équipe
de recherche. «Nous n'avons pas limité les quantités
parce que nous voulions recréer les conditions qui s'apparentent
le plus à la vraie vie», signale Benoît Lamarche.
Après six semaines, le taux de mauvais cholestérol
des participants avait diminué de 18 %, leur indice d'athérogénicité
(cholestérol total/bon cholestérol) avait chuté
de 10 % et ils avaient perdu trois kilos en moyenne. «Même
si le régime faible en gras et riche en glucides complexes fait
baisser le taux de bon cholestérol dans le sang, il n'augmente
pas le risque de maladie cardiovasculaire», concluent les
deux chercheurs.
Benoît Lamarche rappelle que le bon cholestérol
sert à vidanger le mauvais cholestérol qui s'accumule
sur la paroi interne des vaisseaux sanguins. «Si le bon
cholestérol diminue chez les gens qui consomment un régime
riche en glucides complexes, c'est peut-être parce qu'ils en ont
besoin en moins grande concentration pour «gérer»
leur mauvais cholestérol, qui lui aussi est en baisse»,
propose le directeur de l'INAF. Les organismes canadiens et américains
préoccupés par la santé cardiaque recommandent
d'adopter un régime alimentaire contenant 55 % de glucides
et moins de 30 % de gras.
JEAN HAMANN
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