
Anique Poitras: la vie, la vie
Un roman pour enfants écrit par cette
chargée de cours est finaliste en France pour un prix
littéraire
Cet été en France, des milliers d'enfants inscrits
à des structures de loisirs éducatifs seront invités
à lire quatre romans dans le cadre du Prix Chronos Vacances
organisé par la Fondation nationale de gérontologie.
Fait à souligner, un roman québécois publié
en 2002 figure parmi les finalistes: Isidor Suzor, de
la romancière Anique Poitras, une chargée de cours
au Département des littératures de l'Université
Laval. Après avoir terminé leur lecture, les enfants
voteront pour leur livre préféré. Les résultats
du vote seront connus à l'automne. «Le seul fait
d'être finaliste à un prix littéraire en
France, où la concurrence dans le livre jeunesse est très
forte, constitue une victoire en soi», indique Anique Poitras
dont le cours donné à Laval porte justement sur
l'écriture pour enfants et adolescents. Isidor Suzor
s'adresse aux lecteurs de six ans et plus. En une quarantaine
de pages, il raconte l'histoire d'un vieux et mystérieux
sculpteur qui ne sort jamais de chez lui mais qui finit par se
laisser toucher par l'amitié d'une petite fille.
Une romancière à succès
Anique Poitras est un nom bien connu dans le milieu de la
littérature jeunesse au Québec. Sa carrière
littéraire débute en 1993 avec la publication d'un
premier roman, La lumière blanche. L'intrigue tourne
autour d'une adolescente de treize ans qui découvre le
grand amour. La suite, La deuxième vie, paraît
en 1994. Puis, paraissent coup sur coup, en 1998, La chambre
d'éden, tomes I et II. Véritable succès
de librairie, cette tétralogie s'est vendue, jusqu'à
l'automne dernier, à plus de 80 000 exemplaires. En 2000,
les quatre romans sont réunis en un seul et gros livre
sous le titre Le roman de Sara. Et en 2002, cet ouvrage
paraît sous forme de roman-feuilleton dans le quotidien
La Presse. La même année, le personnel de
la Bibliothèque centrale de Montréal choisit Le
roman de Sara parmi les titres les plus marquants des 25
dernières années en littérature jeunesse
au Québec. En 2004, Anique Poitras reçoit, pour
son roman La chute du corbeau, le Prix du Salon international
du livre de Québec dans la catégorie Jeunesse.
L'écrivaine met présentement la dernière
main à L'empreinte de la corneille, la suite de
La chute du corbeau. L'héroïne, prénommée
Mandoline, était amie du personnage principal dans la
tétralogie consacrée à Sara. «Les
deux romans de la série Mandoline étaient en germe
dans la série Sara il y a une dizaine d'années,
explique l'auteure. Ils s'adressent à un public de 14
ans et plus pouvant aller jusqu'à la catégorie
Adultes. J'y aborde des problématiques comme l'alcoolisme
et la prostitution juvénile. J'y développe la notion
de rechute, pas comme un échec en soi mais comme un cheminement
douloureux. On tombe, on se relève et l'on continue à
avancer.»
La quête identitaire, la spiritualité, l'espérance,
l'amour, la conscience et la résilience constituent les
thèmes principaux des romans d'Anique Poitras. L'inspiration
de son premier livre lui vient alors qu'elle assiste une tante
mourante dans ses derniers moments. «Cet accompagnement
dans la tendresse, dit-elle, a provoqué chez moi la nécessité
d'aller confronter les deux morts brutales survenues dans mon
enfance, soit celle de ma meilleure amie et celle du garçon
que j'aimais.» La jeune Sara est elle aussi confrontée
à la mort quand son amoureux décède subitement.
«L'écriture permet de donner ou de retrouver le
sens, soutient la romancière. Dans mes écrits,
les personnages vivent des choses négatives ou douloureuses
qu'ils récupèrent ensuite pour en faire quelque
chose de beau.»
YVON LAROSE
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