
Haro sur la gastro
Un outil informatique pourrait bientôt aider à
mieux prévenir les cas de gastro-entérite causés
par l'eau potable
Une équipe du Centre de recherche en aménagement
et développement de l'Université Laval a mis au
point un outil informatique qui permet d'anticiper les pics de
microorganismes dans l'eau brute qui approvisionne les usines
de traitement d'eau des municipalités. "Cet outil
pourrait servir à optimiser le traitement de l'eau potable
dans les municipalités qui disposent de systèmes
complets de traitement de l'eau ou encore à émettre
des avis de faire bouillir l'eau dans les petites municipalités
moins bien équipées", fait valoir Manuel Rodriguez,
professeur au Département d'aménagement.
Développé par l'étudiante-chercheure Mélanie
Bouchard, Manuel Rodriguez et Jean-Baptiste Sérodes, ce
modèle utilise des données comme la température,
les précipitations et la turbidité pour prédire
la qualité bactériologique de l'eau brute qui entre
à l'usine de traitement. Présentement, les analyses
bactériologiques de l'eau exigent entre 24 et 72 heures.
"Lorsque les opérateurs d'usine de traitement reçoivent
les résultats, l'eau est déjà dans le réseau
de distribution et le mal est fait", explique Manuel Rodriguez.
D'où l'intérêt du modèle de prévision
sur lequel planche l'équipe de chercheurs.
Leur modèle, développé à partir des
données fournies par l'usine de traitement d'eau de la
Ville de Québec, prédit entre 80 % et 85 % des
variations de la qualité bactériologique de l'eau
ainsi que 75 % des pics de bactéries qui surviennent pendant
la saison chaude. "Nous pensons qu'on pourrait faire encore
mieux en ajoutant la vitesse des vents et la durée d'ensoleillement,
estime Manuel Rodriguez. Si notre modèle parvenait à
prédire 90 % des pics, ça deviendrait un outil
très intéressant pour les municipalités."
Cet outil est l'une des composantes d'un modèle plus vaste
que les chercheurs tentent de développer pour associer
certaines caractéristiques de l'eau qui alimente les usines
de traitement et les épisodes de gastro-entérite
dans la population. Pour produire ce modèle, l'équipe
de Manuel Rodriguez et de Jean-Baptiste Sérodes travaille
de concert avec celle du professeur Patrick Levallois, de la
Faculté de médecine. Comme il n'existe pas de données
directes qui documentent la prévalence des gastro-entérites,
les chercheurs travaillent à l'élaboration d'un
indicateur qui repose sur les symptômes décrits
par les personnes qui ont recours au service de consultation
téléphonique Info-Santé.
JEAN HAMANN
|