
Au labo de la vie
Des étudiants de sociologie mènent des enquêtes
de qualité professionnelle en lien avec des problématiques
réelles
Deux quartiers de Québec s'embourgeoisent. Dans Saint-Roch,
par exemple, de nombreux nouveaux résidents se sont installés
dans les cinq dernières années, à tel point
qu'ils forment aujourd'hui la majorité de la population.
Ces nouveaux venus ont comme caractéristiques d'être
de plus en plus jeunes, moins dépendants de l'aide gouvernementale
et plus aptes au travail que les anciens résidents. Ils
sont aussi plus instruits et notablement plus riches que ces
derniers. Le quartier Saint-Jean-Baptiste s'embourgeoise également
au point où le Comité populaire de l'endroit s'interroge
sur la capacité des coopératives d'habitation du
quartier à freiner ce phénomène qui se caractérise,
entre autres, par l'augmentation des prix du loyer. Car la vie
en coopérative a des avantages. Les logements sont moins
chers, ils donnent accès au mode de vie spécifique
du quartier et ils permettent de vivre la solidarité entre
locataires.
Ces observations sont tirées de deux enquêtes menées,
d'une part, par Mathieu Gagné et Louis Philibert-Morrissette,
et, d'autre part, par Sébastien Bolduc et Geneviève
Brunet-Gauthier, tous étudiants de premier cycle en sociologie
inscrits au cours "Laboratoire de recherche". Les premiers
avaient reçu un mandat du Bureau d'animation et information
logement du Québec métropolitain. Les uns et les
autres ont utilisé les données statistiques des
recensements fédéraux comme principale source d'information.
Le cours "Laboratoire de recherche" s'étale
sur deux sessions. Il a comme particularité de permettre
aux étudiants de réaliser une étude exploratoire
de qualité professionnelle, selon les normes du marché
du travail, et à partir de commandes fermes provenant
d'organismes publics et privés.
Religion et suicide
Jean-François Couture-Poulin, Christian Labbé
et Lyne Voyer ont mené, pour le compte du Bureau du coroner,
une étude comparative Québec-France-Irlande-Australie.
Leur recherche visait à mieux comprendre l'existence d'un
lien possible entre un taux de suicide en hausse depuis une quarantaine
d'années au Québec, et l'effritement de la religion
catholique dans notre société. Les chercheurs ont
découvert que le taux de suicide avait augmenté
chez les hommes dans les sociétés où, historiquement,
l'institution religieuse avait été la plus déterminante
dans la définition des rôles familiaux et des identités
de genre. Ils en concluent que l'augmentation du taux de suicide
d'hommes et de femmes au Québec résulte probablement
et avant tout de l'influence de deux phénomènes:
l'indétermination des rôles de père et de
mère et l'individualisme croissant.
Dans leur étude pour le Conseil permanent de la jeunesse,
Sophie Bélanger et Benjamin Perron ont découvert
que les jeunes Québécois ne rejettent pas la religion
de façon massive et qu'une grande partie d'entre eux sont
fidèles aux valeurs catholiques. Pour le compte du Conseil
de la famille et de l'enfance, Valérie Gagné-Vollant
et Stéphane Paquin ont mis en lumière le fait que
les jeunes de 18 à 25 ans ont une représentation
homogène de la vieillesse, un état qu'ils caractérisent
par la sénescence mais aussi par l'expérience et
la sagesse. Selon Carrie Anna McGinn et Olivier Roy, les filles
du secondaire sont en majorité plus tolérantes
que les garçons envers l'homosexualité. Leur mandat
provenait de la Ligue des droits et libertés section Québec.
Quant à Valérie Bélanger et Marie-Michèle
Giroux, elles ont découvert, pour le bénéfice
du Musée de la civilisation, qu'il n'existe pas une seule
"culture jeune" en soi. Les activités pratiquées
par les jeunes interrogés sont variées et influencées
par différentes variables, notamment l'âge et le
niveau de scolarité.
YVON LAROSE
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