
Le courrier
Hommage à Denys Tremblay, technicien expert au Département
des sols
C'est avec beaucoup de chagrin et de peine que nous t'avons
perdu. Qu'il me soit permis ici de rappeler certains des moments
que nous avons vécus ensemble. Tout d'abord, tu as servi
d'excellente façon ce qu'il est convenu d'appeler, de
nos jours, toute la «clientèle» à qui
tu as eu affaire, qu'elle soit étudiante, professorale
ou externe. En tout premier lieu, je pense à la préparation
et à la surveillance des laboratoires de chimie des sols
pour lesquels tu as trimé jusqu'à la dernière
semaine avant ta retraite, il y a déjà six ans.
L'année où il y a eu 187 étudiants et six
périodes de laboratoire par semaine a été,
sans doute, la plus mémorable! Pendant toutes ces années,
tu as donné des explications à de nombreux étudiants
et à de nombreuses étudiantes qui se sont directement
adressés à toi, sachant toute ta bonne humeur pour
leur donner l'explication qui aurait pu leur échapper
en classe ou au laboratoire. Certains et certaines t'ont utilisé
jusqu'à la limite de l'abus, mais tu n'en laissais rien
paraître, confirmant deux de tes traits de caractère:
la retenue et la patience. Tu as montré que l'appui technique
est tout à fait indispensable à la mission de la
formation universitaire.
Tes conseils éclairés ont bénéficié
à bien des étudiants et des étudiantes du
1er cycle mais aussi du 2e et du 3e cycle. Tu as fait preuve
d'une grande qualité d'organisation du travail et cette
efficacité a transparu dans la fiabilité des résultats
analytiques que tu as produits par milliers au cours de toutes
ces années. En effet, «science sans crédibilité
et confiance envers les résultats analytiques n'est que
ruine de la recherche agronomique» pour paraphraser un
énoncé bien connu. Quand nous avons eu des contrats
de gens de l'extérieur, tu as eu un surplus de travail
que tu as accompli avec un certain enthousiasme, comprenant fort
bien les retours positifs pour le bon fonctionnement du département.
Pour nos travaux aux champs, il nous a fallu parcourir, parfois
courir, toute la province. Travailler pratiquement du lever du
jour à la nuit tombante dans des parcelles de maïs-grain
arrivait souvent. On s'est même levés avant les
outardes qui venaient faire un petit tour dans les champs pour
récolter les résidus de l'année passée,
mettant ainsi tes émotions de chasseur certifié
à l'épreuve. J'ai remarqué que toutes ces
années tu avais gardé un jardin secret, c'est-à-dire
que rarement tu as émis des opinions se rapportant directement
aux personnes, à leur comportement ou à leurs politiques
de fonctionnement. Une attitude certes très prudente qui
ne permettait pas d'amorcer des "combats" ou des discussions
futiles, inutiles et non constructives. Tu avais les qualités
d'un bon politicien!
Pour terminer Denys, j'aimerais te dire un très grand
merci pour l'excellent travail que tu as accompli mais aussi
pour ton caractère humain et pour toute l'amitié
que tu nous a prodiguée au cours des ans. Qu'il me soit
enfin permis de boire une bonne «molle» à
ton bon souvenir.
MICHEL CESCAS
Professeur au Département des sols et de génie
agroalimentaire
Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation
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