
Lancement de la Chaire en design d'affaires
Bell, Cisco et IBM injectent des fonds et participent
activement aux travaux dirigés par Benoit Montreuil
Benoit Montreuil est un homme occupé. Professeur au
Département d'opérations et systèmes de
décision de la Faculté des sciences de l'administration,
il est aussi titulaire de la Chaire de recherche du Canada en
ingénierie d'entreprises, directeur d'une équipe
de recherche de 30 personnes et fondateur de SET Technologies
inc., dont il est aujourd'hui chef technologique. Sa liste de
publications et de communications dans des rencontres scientifiques
noircit 26 pages de son curriculum vitae. Il ignore d'ailleurs
à combien s'élève le total. "Je ne
suis pas le style à compter", avoue-t-il. De toute
évidence, Benoit Montreuil pourrait être titulaire
d'une chaire de recherche appliquée en productivité
personnelle. Mais, depuis le 27 avril, c'est plutôt la
Chaire de recherche CRSNG/Bell/Cisco en design d'affaires qu'il
dirige officiellement.
Le secret de sa productivité hors du commun? "C'est
un mélange de passion, de plaisir et de temps, répond-il.
De beaucoup de temps. On n'y arrive pas en faisant du 35 heures
semaine. Mais pas du sept jours semaine non plus, ajoute-t-il
aussitôt. Je suis marié, j'ai quatre enfants et
l'équilibre est important pour moi. L'autre élément
est de savoir s'entourer de gens excellents et passionnés
par leur domaine."
Benoit Montreuil accueille la Chaire de recherches CRSNG/Bell/Cisco
en design d'affaires comme une bénédiction. Bien
sûr, les 1,4 M $ qui seront investis au cours des cinq
prochaines années par le Conseil de recherches en sciences
naturelles et en génie (467 000 $), le Conseil de recherches
en sciences humaines (233 000 $), Bell Canada (500 000 $) et
Systèmes Cisco Canada (200 000 $), auquels s'ajoutent
100 000 $ en équipement d'IBM, insufflent de l'argent
neuf dans le roulement des opérations. Mais il y a plus.
"La Chaire nous donne des ailes, du carburant, des degrés
de liberté, la chance d'avoir une équipe stable
et un accès à de super partenaires", lance-t-il
d'un souffle. Pour le chercheur, "la présence de
Bell, un de nos fleurons en affaires électroniques au
Canada, et de Cisco et IBM, des noms synonymes de succès
de la nouvelle économie sur la planète, à
notre table envoie un signal clair au monde. Ce que nous apporte
leur participation compte plus que l'argent."
Dans la cour des grands
Ingénieur industriel diplômé du Georgia
Institute of Technology en 1982, Benoit Montreuil ne peut que
constater la mirobolante évolution qu'a connue son domaine
depuis 20 ans. Autrefois, il concevait des usines. Aujourd'hui,
il modélise, à l'aide d'une plate-forme de conception,
de simulation et de pilotage d'affaires, toutes les composantes
d'une entreprise dans un laboratoire du type NASA. "Ce que
j'enseigne aujourd'hui dans mes cours de gestion d'entreprise,
il aurait été impensable de l'enseigner lorsque
j'ai terminé mes études", reconnaît-il.
La donne a changé. "Une entreprise peut partir de
zéro et se hisser parmi les plus grandes compagnies mondiales
de son secteur en quelques années. ll n'y a plus de place
pour l'improvisation et on ne peut se permettre de rater son
coup."
C'est justement là le propos de la Chaire CRSNG/Bell/Cisco
en design d'affaires. "En raison du contexte de mondialisation,
il faut revoir la façon de penser une compagnie et adopter
une approche scientifique d'ingénierie." Si certaines
entreprises comme Exfo et RecruitSoft ont réussi à
jouer dans la cour des grands, la plupart des entreprises canadiennes
tardent à tirer profit du potentiel que leur offrent les
nouvelles technologies de l'information, constate-t-il. "Il
y a encore beaucoup de conservatisme dans les entreprises."
Pourtant, les dirigeants auraient tout intérêt à
s'intéresser au design d'affaires. "Si les entreprises
veulent survivre et surtout prospérer au cours des cinq
prochaines années, elles ne pourront plus compter sur
l'intuition et la chance. Elles devront consciemment faire l'exercice
de se doter d'un bon design d'affaires, ce qui implique des réflexions
en profondeur et des décisions majeures qui touchent toutes
les composantes de l'entreprise."
La Chaire ne produira pas que des connaissances. Son programme
prévoit la formation d'une cinquantaine d'étudiants
de 2e et 3e cycles chaque année ainsi que la participation
d'une dizaine d'entre eux aux recherches. Ces diplômés
constitueront autant d'agents de changement qui aideront l'économie
canadienne à adopter la cadence imposée par le
peloton de têtes des entreprises engagées dans la
nouvelle économie mondiale.
JEAN HAMANN
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