
Vive la différence!
Des étudiants français et belges
en formation des maîtres ont poursuivi leurs études
à Laval cet hiver
«J'ai des milliers de choses en tête. Ce fut une
ouverture d'esprit géniale.» À l'instar de
neuf autres compatriotes et de trois étudiantes belges
qui se destinent eux aussi à la carrière d'enseignant,
la Française Marie-Pierre Fauvel dit avoir beaucoup appris
durant son séjour à Québec cet hiver. Sa
compatriote Amélie Houille renchérit. «Je
ne pensais jamais retrouver dans ma classe tout ce que j'avais
appris de façon théorique, par exemple sur la gestion
de classe ou le travail en atelier. Mais j'ai tout vu et tout
fait.» Une autre Française, Isabelle Rivet, poursuit
sur cette lancée. «C'est vraiment appréciable
de voir que tous les termes entendus en France, qui restent pour
nous, en théorie, des idées vagues comme «pédagogie
de projet» ou «travail en coopération»,
peuvent être appliqués, même aux plus petits.»
Ces étudiantes et étudiants ont passé la
session d'hiver à Québec dans le cadre du programme
d'échange du Profil international conclu entre l'Université
Laval et trois établissements européens. Ces maisons
d'enseignement sont, d'une part, les Instituts universitaires
de formation des maîtres (IUFM) de Montpellier et de Versailles,
en France, et, d'autre part, l'École normale catholique
du Brabant wallon à Louvain-la-Neuve, en Belgique. À
Laval, les visiteurs et les visiteuses ont suivi des cours de
premier cycle en éducation au préscolaire et en
enseignement au primaire. Ils ont ensuite réalisé
un stage dans une école membre du Réseau des écoles
associées de la Faculté des sciences de l'éducation.
Durant toute la session, ils sont restés en contact avec
leur professeur-tuteur en Europe. Le mardi 20 avril, au pavillon
J.-A.-De Sève, douze d'entre eux ont fait le bilan de
leur expérience pédagogique, tant théorique
que pratique, qui s'est avérée, dans l'ensemble,
très positive.
Ouverture d'esprit
La Française Sabine Lapeyre dit avoir obtenu plein
de petites réponses pratiques dans chacun de ses cours.
«Je reproche un peu aux IUFM d'être trop théoriques,
ajoute-t-elle. Ici, c'est vraiment concret. Nous avons eu des
ateliers avec une dimension terrain.» Sa compatriote Delphine
Blesson parle d'audace. «On a pu mettre des mots sur des
problèmes qui se posent quand on est débutante,
comme: comment gérer un conflit dans la classe, ou comment
reprendre le contrôle du groupe après une intervention
déviante d'un élève?, explique-t-elle. Et
l'on a pu aborder des sujets dont on n'ose pas forcément
parler en France, comme notre insécurité de débutante
ou une difficulté rencontrée en gestion de classe.»
Marie-Pierre Fauvel souligne que les stages dans son pays fonctionnent
sur la base de l'apprentissage sur le tas. «C'est une question
de culture, de philosophie, indique-t-elle. On ne va pas te donner
de trucs, tu dois les trouver toute seule. Tu tombes, tu te relèves.
Tu dois trouver tes solutions toi-même.» Isabelle
Rivet poursuit. «C'est pour ça que c'est si agréable
en stage ici, dit-elle. On a ce retour sur notre travail qu'on
n'a jamais eu. Et ce travail avec la chargée de formation
pratique où l'on identifie nos points positifs. Je n'avais
jamais fait ça. Règle générale, nous
sommes plus habitués à trouver nos points négatifs.»
La Belge Claire Wijns mentionne que de tels projets qui consistent
à poursuivre ses études à l'étranger
sont très valorisés dans son pays. Selon elle,
le contenu des cours reçus ici recoupe pas mal ceux qu'elle
a suivis en Belgique. La grande différence se situe au
niveau du stage qui est ici plus intégré au contenu
des cours que ne le sont les stages offerts dans son pays. Le
Français Christophe De Vos, quant à lui, estime
que la présence d'une enseignante associée, qui
accueille le stagiaire dans sa classe, offre une sécurité
professionnelle qui permet à ce dernier de prendre des
risques sur le plan de la pédagogie. «Vous pouvez,
dit-il, essayer de nouvelles formules pédagogiques que
vous n'essaieriez jamais si vous aviez votre classe à
vous.»
YVON LAROSE
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