Et au primaire?
"Pour plusieurs parents, l'enseignement des sciences
à l'école primaire passe avant tout par des activités
concrètes plutôt que par le développement
d'habiletés intellectuelles. Pour caricaturer, je dirais
que si leur enfant ne se met pas les mains dans l'eau, les parents
s'inquiètent", résume Annie Savard, qui a
effectué un mémoire de maîtrise en didactique
sur la conception des parents vis-à-vis l'enseignement
des sciences au primaire. Pour les besoins de son étude,
la chercheure, elle-même enseignante au primaire, a analysé
les réponses de 89 questionnaires complétés
par des parents d'une école primaire de la région
de Québec.
Si l'ensemble des parents interrogés considèrent
l'apprentissage scientifique important pour le développement
personnel de leur enfant, ceux qui ont fait des sciences au collégial
et à l'université sont davantage convaincus de
la nécessité de cet enseignement au primaire. En
revanche, les parents dont l'étude des sciences s'est
limitée au primaire et au secondaire, dans le cadre de
cours obligatoires, avaient tendance à reléguer
cette discipline au second plan, après le français
et les mathématiques.
"Si on regarde le peu de place et de temps qu'occupe la
science chez nos jeunes du primaire, il est tout à fait
logique que les parents pensent de cette manière, explique
Annie Savard. Certains enseignants voudraient en faire plus mais
ne se sentent pas supportés. Sans une véritable
volonté ministérielle de mettre l'emphase sur les
sciences et d'offrir des formations adéquates aux enseignants
du primaire, cet enseignement est voué à jouer
les seconds violons et à confondre les parents."
Par ailleurs, l'enseignante et chercheure croit que le parent
doit aussi se retrousser les manches et faire sa part pour alimenter
son enfant et le faire saliver face aux mystères de la
vie. À cet égard, point n'est besoin de chercher
loin et d'élaborer de grandes théories scientifiques,
le brouillard du matin ou les gouttelettes de pluie constituant
des phénomènes scientifiques dignes des plus grands
discours.
RENÉE LAROCHELLE
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