La part des parents, l'oeuvre des enfants
La persévérance des cégépiens
aux études en sciences dépend en partie de l'attitude
de leurs parents
Ce n'est pas parce qu'un jeune a atteint le niveau collégial
que ses parents n'ont plus de rôle à jouer dans
sa réussite scolaire, bien au contraire. Un intérêt
savamment dosé quant au choix de programme et au déroulement
des études serait même gage de persévérance
dans les programmes de sciences. C'est ce que concluent Catherine
Ratelle, Simon Larose et Frédéric Guay, de la Faculté
des sciences de l'éducation, et leur collègue Caroline
Senécal, de l'École de psychologie, au terme d'une
étude portant sur 262 cégépiens inscrits
dans des programmes scientifiques.
Dans le cadre d'une étude servant à mieux comprendre
pourquoi deux jeunes sur cinq admis dans les programmes de sciences
et technologies au collégial et à l'université
n'obtiennent jamais de diplôme dans ce secteur, l'équipe
de Simon Larose a entrepris le suivi d'une cohorte d'étudiants
de la fin du secondaire jusqu'à leur insertion sur le
marché du travail. Depuis le début de l'étude
en 1999, les chercheurs ont rencontré périodiquement
les participants pour évaluer leur motivation ainsi que
les facteurs familiaux, scolaires et professionnels qui pouvaient
influencer la persévérance aux études.
Une première tranche de résultats, servie plus
tôt ce trimestre aux participants du congrès de
la Society for Research on Adolescence à Baltimore, montre
que l'engagement parental et le soutien parental à l'autonomie
des jeunes jouent un rôle important dans la persévérance
aux études en sciences. "Le comportement des parents
influence trois besoins centraux des jeunes cégépiens,
les sentiments d'appartenance, de compétence et d'autodétermination",
explique Simon Larose.
Deux jeunes sur cinq admis dans les programmes
de sciences et technologies au collégial et à l'université
n'obtiennent jamais de diplôme dans ce domaine
Écouter et questionner
Mais encore faut-il que les parents sachent s'y prendre pour
que cet intérêt envers leurs enfants ne soit pas
perçu comme un envahissement du jardin d'autonomie que
cultivent jalousement les post-ados. "Chose certaine, il
ne faut pas que les parents croient qu'ils n'ont plus de rôle
à jouer, insiste le chercheur. Ce n'est pas parce que
le père ou la mère n'a pas une formation scientifique
qu'il ne peut pas aider son enfant pendant la période
charnière du choix du programme d'études."
Le professeur Larose propose même l'instauration d'un moratoire
pendant lequel les parents discuteraient avec leurs enfants et
surtout écouteraient leurs préoccupations par rapport
à leur choix de carrière. "Nous avons constaté
que les choix de programmes d'études sont faits de façon
précipitée, à partir d'idées préconçues,
sans réflexion et sans expérience vécue.
Les parents doivent respecter le choix de leurs enfants, mais
ils peuvent aussi en discuter pour s'assurer que ça correspond
bien à leurs forces et à leurs intérêts.
La communication parents-enfants doit être maintenue même
si le lien affectif qui les unit change. "
Les résultats obtenus auprès des cégépiens
s'appliquent-ils également aux étudiants universitaires?
Pour l'instant, Simon Larose l'ignore, mais la réponse
ne saurait tarder. L'automne dernier, son équipe a entrepris
le suivi d'une cohorte d'étudiants de première
année de la Faculté des sciences et de génie.
Là encore, les chercheurs sondent les coeurs et les esprits
pour connaître les facteurs personnels et environnementaux
qui influencent la persévérance aux études
scientifiques.
JEAN HAMANN
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