Place au théâtre du troisième
millénaire
Le Laboratoire des nouvelles technologies de
l'image, du son et de la scène (LANTISS) fusionnera créativité
artistique et créativité scientifique
Il y a de ces projets qui paraissent tellement énormes
au départ qu'on se demande comment ils seront accueillis
et, surtout, si on leur prêtera seulement écoute,
tant ils sortent des sentiers battus. Une fois le projet mené
à terme, on se dit qu'il valait vraiment la peine d'oser.
C'est ce que devait se dire Luis Thenon, professeur de théâtre
et directeur du projet, lors de l'inauguration du Laboratoire
des nouvelles technologies de l'image, du son et de la scène
(LANTISS), le 2 avril. La centaine d'invités présents
a d'ailleurs eu un aperçu des multiples possibilités
de ce vaste laboratoire high tech qui vise le développement
des technologies de la scène en regroupant, en un même
lieu, des artistes et des chercheurs de sciences appliquées.
Plus de deux millions de dollars ont été investis
dans ce laboratoire unique au Québec, notamment par la
Fondation canadienne pour l'innovation (800 000 $) et le Gouvernement
du Québec (800 000 $). Le reste du financement provient
de l'Université Laval et de différents fournisseurs.
Le LANTISS s'est associé avec deux partenaires majeurs
de Québec: le groupe Ex Machina et le Centre d'artistes
AVATAR, membre de la coopérative Méduse.
Génies en herbe
"Par le biais du LANTISS, l'Université Laval
offrira aux étudiantes et étudiants de la Faculté
des lettres inscrits au programme d'études supérieures
en Littérature et arts de la scène et de l'écran,
qui fait suite au nouveau programme de 1er cycle en études
théâtrales, des possibilités de recherches
extraordinaires, souligne Luis Thenon. Ils pourront se pencher,
de façon pratique, sur les problématiques de mise
en scène qui recourent aux procédés technologiques.
L'ensemble des professeurs de ces programmes participe d'ailleurs
aux projets du LANTISS et des projets entre différentes
facultés pourront voir le jour. Enfin, des ententes de
partenariat sont prévues avec des artistes du Québec
qui souhaitent bénéficier des nombreuses possibilités
que leur offre le LANTISS."
Déjà, différents départements de
sciences appliqués de l'Université Laval travaillent
de concert avec le LANTISS. Ainsi en est-il du Laboratoire de
vision et systèmes numériques, rattaché
au Département de génie électrique et de
génie informatique qui participe notamment aux projets
relatifs aux interfaces corps/machine, à partir des données
émises par le corps des performeurs sur scène,
ainsi qu'aux projets de scène souples et mobiles. Quant
au Centre d'optique, photonique et laser, rattaché au
département de physique et d'optique, on compte s'y pencher,
entre autres, sur le développement de nouveaux procédés
en projection laser et en spatialisation d'image. En somme, ce
ne sont pas les projets qui manquent dans cet univers où
le génie règne en maître.
Des équipements sophistiqués
Logé au pavillon Louis-Jacques-Casault, le LANTISS
comprend un vaste studio à géométrie variable
de plus de 230 mètres carrés et d'une hauteur de
5,5 mètres carrés. Lieu d'expérimentation
de nouvelles approches combinant arts et technologies, ce studio
accueillera le public lors des phases finales d'expérimentation.
De plus, trois studios de moindre envergure abritent les recherches
sur les interfaces de contrôle, de robotique et de vision
optique. Enfin, des espaces polyvalents avec postes de travail
informatiques sont accessibles aux chercheurs travaillant sur
les problématiques numériques. Tous ces espaces
sont reliés par des liens télématiques qui
pourront être établis avec les studios des partenaires.
Dans ce lieu résolument tourné vers l'avenir se
trouvent des équipements des plus sophistiqués:
systèmes de captation et de traitement vidéo, de
diffusion multi-sources et multi-supports audio et vidéo,
de spatialisation sonore et visuelle, de contrôle des mécaniques
de scène et d'application en robotique, de poursuite d'éclairage
et de projection vidéo guidés par télédétection.
La fine pointe de la technologie, quoi!
Un budget serré
Le Service des immeubles de l'Université Laval a réalisé
en totalité les plans et devis des travaux d'aménagement,
et ce, à l'intérieur d'un budget très limité.
Avant le début des travaux, Régis Morasse, architecte
du Service des immeubles, a eu la difficile tâche de transposer
le rêve en projet réel, c'est-à-dire de
ramener certains responsables du LANTISS "à l'ordre",
quand leur imagination débordante ne tenait pas compte
de la réalité ou encore du budget . "Il fallait
tirer le meilleur parti des lieux et favoriser la circulation
dans les différents locaux. Nous devions également
penser à garder de l'argent pour l'équipement,
souligne Régis Morasse. Même son de cloche pour
François Hébert, ingénieur à ce même
service, qui a dû identifier les besoins et trouver des
réponses à la mesure du budget octroyé.
"J'ai voulu faire du LANTISS un environnement convivial
en décloisonnant l'espace et en y ajoutant de la lumière
et de la transparence, dit François Hébert. Pour
que tout cela prenne un sens, son sens."
RENÉE LAROCHELLE
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