Un bouchon, bientôt, à la CNT?
Le harcèlement psychologique au travail frapperait
7 % à 9 % des Québécois
La Chaire en gestion de la santé et de la sécurité
du travail de l'Université Laval a réalisé
un sondage panquébécois sur le harcèlement
psychologique au travail auprès de 1005 personnes. Chez
les répondants qui occupent un emploi, 7 % affirment avoir
été isolés volontairement des autres par
un individu ou par un groupe, 7 % disent avoir été
dévalorisés ou ridiculisés devant d'autres
personnes et 9 % déclarent avoir été victimes
de propos injurieux, menaçants ou dégradants.
La personne présumée harcelante peut être
un ou plusieurs collègues (41 %), le supérieur
immédiat (32 %), un ou des clients (15 %) ou encore un
ou des employés subalternes (30 %). Parmi les personnes
qui se disent victimes de harcèlement psychologique au
travail, 43 % considèrent qu'il s'agit de propos ou d'agissements
légers ou subtils. "Le harcèlement psychologique
n'est généralement pas un geste d'éclat
et public, mais plutôt une manifestation discrète
et exercée à couvert, ce qui rend encore plus difficile
sa détection lorsqu'il y a médiation ou enquête",
explique Jean-Pierre Brun, titulaire de la Chaire et professeur
au Département de management de la Faculté des
sciences de l'administration.
Par ailleurs, 78 % des répondants non syndiqués
qui déclarent vivre une situation de harcèlement
psychologique au travail se disent prêts à porter
plainte à la Commission des normes du travail (CNT). Il
faut donc s'attendre à une demande importante d'intervention
de la part de la CNT dès le 1er juin 2004, date d'entrée
en vigueur des nouvelles dispositions sur la prévention
du harcèlement psychologique au travail.
Jean-Pierre Brun mentionne qu'il faudra agir avec prudence, car
"selon l'expérience de la Belgique, qui dispose d'une
loi similaire depuis bientôt deux ans, environ 60 % des
plaintes déposées ne sont pas considérées
comme du harcèlement psychologique au travail. Cela ne
signifie toutefois pas qu'il n'y a aucun autre problème
de tension humaine dans la situation qui est rapportée."
"À l'heure actuelle, l'ampleur du harcèlement
psychologique au travail dans les organisations québécoises
n'est pas véritablement déterminée. Il existe
quelques études sectorielles (éducation, fonction
publique et santé), mais nous ne disposons pas d'un portrait
d'ensemble pour les Québécois et les Québécoises
qui occupent un emploi. Les résultats de ce sondage tentent
de combler ce vide", conclut Jean-Pierre Brun. Le rapport
issu de ce sondage est disponible sur le site http://cgsst.fsa.ulaval.ca.
Rappelons que dans le cadre des Conférences scientifiques,
la Chaire en gestion de la santé et de la sécurité
du travail vous invite à une conférence de Jean-Pierre
Brun, le 16 avril à 12 h, à la Salle IBM (0610)
du pavillon Palasis-Prince. Cette conférence portera sur
l'intervention en santé psychologique au travail.
|
|