Les bons débarras
Les ventes de garage font le plein de contacts sociaux
Pour plusieurs personnes, le printemps n'est pas seulement synonyme
de beau temps mais il marque aussi le début de la saison
des ventes de garage. Depuis quelques années, ce type
d'événement prend de l'ampleur dans les villes
et les villages du Québec, où on constate que des
fins de semaines de ventes de garage sont parfois organisées
des mois à l'avance. De là à dire que la
vente de garage, un calque de "garage sale" pour vente-débarras,
est en passe de devenir un phénomène social,
il n'y a qu'un pas que Geneviève St-Jacques Thériault,
étudiante à la maîtrise en ethnologie, franchira
peut-être au terme de ses recherches.
"Plutôt que de recevoir à Pâques ou à
Noël, on fait une vente de garage et on invite la famille",
explique la chercheure qui a mené plusieurs entrevues
auprès de personnes s'adonnant à cette activité
et dont elle a donné un compte rendu partiel lors du colloque
étudiant du Département d'histoire qui s'est tenu
récemment. "D'autres personnes m'ont dit que les
ventes de garage leur donnaient une belle occasion de parler
à leurs voisins ou même de découvrir la vie
privée des gens par le biais des articles exposés."
Dans ma cour
Avec la vente de garage, nous sommes loin du "pas dans
ma cour", la vente se déroulant toujours sur le terrain
du propriétaire des lieux. À ne pas confondre,
donc, avec le marché aux puces ou encore avec le bazar
qui se tient dans le sous-sol des églises. Si les vendeurs
utilisent parfois des stratégies pour inciter les gens
à s'arrêter, comme regrouper plusieurs autos dans
la rue ou le long de la route, les acheteurs, eux, peuvent "cibler"
l'objet convoité dès potron-minet et attendre leur
heure, généralement en fin d'après-midi,
quand les prix baissent. Dans un contexte où le marchandage
s'avère un élément important, les négociations
doivent être courtes pour respecter "l'esprit de la
vente de garage", caractérisé par une atmosphère
détendue et bon enfant.
"Par exemple, une contre-proposition trop éloignée
du prix demandé brise les conventions établies
dans ce cadre et crée un certain malaise, souligne Geneviève
St-Jacques Thériault. Il existe donc une frontière
à ne pas dépasser. Compte tenu du temps investi
dans la préparation de l'événement, l'argent
compte pour peu en bout de ligne. Ce qui importe, c'est la fête,
le party, quoi. Une chose est certaine, la vente de garage
est de plus en plus un événement qui rassemble
les gens et leur permet de créer des liens."
RENÉE LAROCHELLE
|