L'éducation, éveil de l'esprit
Un ouvrage majeur de Thomas De Koninck aux Presses
Universitaires de France
Dans l'histoire de l'Occident, s'interroger sur la nature
et le rôle de l'éducation a été une
préoccupation constante des plus grands auteurs. Chacun,
à sa manière et à toutes les époques,
a insisté sur l'importance de l'éducation pour
le développement de l'être humain et le bien-être
de la société qui l'a vu naître. C'est ce
que démontre Thomas De Koninck dans son dernier ouvrage
intitulé Philosophie de l'éducation, essai sur
le devenir humain, paru récemment aux Presses Universitaires
de France. Ce livre, qu'il dédie à ses étudiantes
et ses étudiants, s'avère une invitation à
tirer le meilleur parti des possibilités qu'offrent les
capacités naturelles présentes en chaque être
humain, sans exception. L'enfance, souligne l'auteur, constitue
ainsi un moment déterminant pour s'ouvrir à la
beauté du monde.
Pour faire de "la" vie "sa" vie, l'enfant
a besoin d'être soutenu dans l'émerveillement, générateur
d'enracinement et de création. Car tuer l'émerveillement
équivaut à tuer ce qu'il y a de plus déterminant
et de meilleur chez l'être humain, l'esprit, ce souffle
de vie qui donne sens, estime Thomas De Koninck: "Aussi
doit-on se préoccuper au plus haut point de la culture
et ne pas se leurrer: une culture dominée par la distraction
et l'insignifiance, par des savoirs fragmentaires ignorants de
leurs limites et par la techno-science, empêche l'accès
à soi même, au devenir proprement humain."
Mais le défi ne s'arrête pas là et tout au
long de sa vie, l'être humain aura à devenir ce
qu'il est, toujours en dette de son être, en un perpétuel
recommencement. Et c'est par l'éducation, cette nourriture
essentielle reçue et donnée, qu'il pourra transformera
sa vie et celle des autres.
Mais tout n'est pas donné d'avance, notamment dans un
monde où on accorde plus d'importance au succès
qu'à l'effort et où les médias exercent
un pouvoir considérable. Comment s'y retrouver dans cet
univers où la pauvreté menace la notion même
de dignité humaine? Existe-t-il une voie à suivre
pour ne pas se perdre soi-même à travers les méandres
de la violence et de l'ignorance? De qui dépendent donc
la paix, la culture et la justice, si ce n'est de l'être
humain? Avec toute l'érudition qu'on lui connaît,
Thomas De Koninck aborde les questions essentielles, dans une
double perspective philosophique et historique, rappelant que
cette recherche de la vérité, de la beauté
et de la liberté ne saurait s'effectuer sans la puissance
créatrice de l'amour. Car l'amour est au-dessus de tout
et doit guider chaque action. Comme saint Augustin dit: "Aime
et fais ce que tu veux, Thomas De Koninck affirme que "faire
de la félicité d'un autre sa propre félicité
est la voie la plus sûre qui s'offre à chacune et
chacun de nous en ce monde".
RENÉE LAROCHELLE
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