Et voilà le travail!
Annabelle Viau-Guay remporte un prix d'excellence de la Faculté
des sciences sociales pour son mémoire de maîtrise
Annabelle Viau-Guay se souvient de cette scène mémorable
du film Les temps modernes où Charlie Chaplin
se fait happer par la machine, débordé par le trop-plein
de boulons à visser. "Même s'il paraît
très simple de prime abord, tout travail est complexe",
explique cette étudiante qui a mérité le
prix d'excellence de la Faculté des sciences sociales
pour son mémoire de maîtrise en ergonomie. "Une
personne peut développer des subtilités fascinantes
pour visser un boulon, afin de gagner quelques secondes. Même
chose pour la caissière au supermarché qui échange
des trucs avec ses collègues de travail afin que le travail
aille plus rondement. Fondamentalement, on réalise que
les gens veulent faire leur travail le mieux possible et qu'il
faut les aider à atteindre leur but."
Dans le cadre de sa recherche portant sur l'intégration
de l'ergonomie aux projets de certification à la norme
ISO 9001, Annabelle Viau-Guay a passé une centaine d'heures
à observer des employés oeuvrant dans une PME manufacturière
du secteur de l'habillement de la région de Québec.
Elle a constaté que les employés effectuaient
un regroupement de différentes commandes pour gagner quelques
minutes dans leur horaire, mais qu'il n'existait aucun système
pour minimiser le risque d'erreur découlant de cette pratique
"délinquante", avec en bout de ligne, un produit
de qualité moindre et donc tout à fait éloigné
de la fameuse norme ISO 9001.
La main à la pâte
Annabelle Viau-Guay a aussi noté que les ruptures
de stock ne constituaient pas une exception, comme le pensaient
les concepteurs et les responsables des achats, mais une situation
fréquente, et que les conséquences sur la qualité
et les délais de livraison étaient très
importantes. Elle a donc aidé à concevoir ou à
corriger certains éléments comme les formulaires,
les instructions de travail et a eu également son mot
à dire dans l'organisation du travail.
"Il fallait amener l'entreprise à redéfinir
ses objectifs améliorer la qualité et parallèlement,
la santé et la sécurité au travail
plutôt qu'à rechercher seulement l'accréditation
ISO 9001, souligne l'ergonome. Ainsi, mes recommandations ne
visaient pas toutes le respect des exigences ISO: certaines visaient
à améliorer la qualité sans pour autant
être nécessaires pour la certification, tandis que
d'autres concernaient la productivité et la santé-sécurité."
Dans le cadre du doctorat en ergonomie qu'elle a récemment
entrepris, Annabelle Viau-Guay se penche sur les pratiques d'intervention
des ergonomes en milieu de travail. Son but: améliorer
la formation des ergonomes afin que leur travail "colle"
le mieux possible à la réalité des travailleurs.
"L'ergonomie permet de s'intéresser aux pratiques
humaines du travail de façon très concrète",
explique cette bachelière en relations industrielles que
la résolution de conflits d'intérêts entre
gestionnaires n'a jamais intéressée: "Je laisse
cela à d'autres."
RENÉE LAROCHELLE
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