Histoire de jouets
Le coup de pouce d'Entrepreneuriat Laval a aidé
Annie Asselin à démarrer une entreprise qui carbure
à l'économie sociale
En se promenant dans les rues de son quartier, à Saint-Augustin-de-Desmaures,
Annie Asselin avait bien remarqué que des jouets presque
neufs trônaient parfois à côté des
poubelles que les gens déposaient devant leur résidence,
particulièrement au printemps et en été.
Au cours de conversations avec des parents qui, comme elle, avaient
de jeunes enfants, elle s'est aperçue que les jouets avaient
parfois une vie active très courte et que le problème
était de savoir ce qu'on en ferait après. C'est
alors que l'idée lui est venue de démarrer sa propre
entreprise avec les choux gras des autres. Avec l'aide d'Entrepreneuriat
Laval, cette détentrice d'un baccalauréat multidisciplinaire
(certificat en administration, certificat en relations industrielles
et bloc complémentaire en droit et management) a ainsi
mis sur pied le projet Réno-Jouets pour lequel elle a
mérité le 1er prix en économie sociale au
Concours québécois en entrepreneurship 2003, au
niveau local.
"Jamais je n'aurais pu démarrer ma propre entreprise
sans le soutien de l'équipe d'Entrepreneuriat Laval, indique
Annie Asselin. En plus de m'aider à peaufiner mon plan
d'affaires, l'équipe n'a cessé de me supporter
dans la recherche de maillages et de subventions. Je le répète:
je n'aurais pas pu y arriver son apport!"
Huit-cents toutous
Installée depuis mars dernier dans l'édifice
Honoré-Beaugrand du Collège Saint-Augustin, Annie
Asselin règne sur des centaines de jouets en majorité
usagés, même si plusieurs sont flambant neufs ou
ne nécessitent que des réparations minimes. Son
principal fournisseur: les pompiers, qui reçoivent un
nombre incalculable de jouets chaque année, par le biais
d'associations caritatives. "Avant, les jouets s'entassaient
dans les casernes et la moitié finissait par se retrouver
à la poubelle, faute de place", explique Annie Asselin,
qui reçoit de tout, de tous: autos, trains, camions, peluches,
maisons de poupées, fermes, châteaux jeux de société,
jeux de construction, figurines, petits meubles, etc. "Récemment,
le gérant d'une pharmacie m'a donné 800 toutous
de Noël qu'il n'avait pas réussi à écouler.
Leur avenir est déjà tracé: ils feront la
joie des enfants dans certaines garderies pauvres en jouets."
Après avoir trié les jouets, Annie Asselin les
examine un à un, puis "met en attente" ceux
qui sont incomplets. Par exemple, avec quatre jeux de Monopoly
incomplets, elle peut en compléter deux grâce à
d'autres jeux du même nom qui franchiront le seuil de son
entrepôt. Même chose pour les fermes d'animaux en
deuil d'un petit cheval ou d'une botte de foin: lors d'une prochaine
livraison, la jeune entrepreneure trouvera sûrement des
figurines solitaires qui s'intégreront parfaitement à
la ferme. Les casse-tête, eux, sont minutieusement inspectés.
Une pièce manque? Le puzzle est immédiatement recalé,
tandis que les pièces restantes sont offertes aux garderies
pour fins de bricolage. La boîte de carton, elle, est recyclée.
"Lorsqu'on jette quelque chose, c'est qu'on ne peut vraiment
pas faire autrement", souligne Annie Asselin, dont le souci
de l'environnement s'avère aussi important que ses talents
d'entrepreneure.
Et les prix? "Pour un jouet qui se vend 50 $ en magasin,
une personne peut se procurer le même pour la moitié
du prix chez Réno-Jouets", dit la jeune femme. Armée
des magazines Protégez-vous des cinq dernières
années et d'une pléiade de catalogues, elle fixe
elle-même les prix. Trouver le prix juste représente
d'ailleurs l'une des tâches qui lui prennent le plus de
temps. Il lui arrive donc de faire appel à des bénévoles
pour l'aider dans ses tâches. L'été dernier,
des jeunes filles séjournant dans un Centre Jeunesse sont
venues nettoyer des peluches et classer des jeux. Plus récemment,
un jeune autiste a réparé des autos miniatures.
Sans compter que des personnes retraitées apportent parfois
des jouets chez eux pour les réparer. Bref, en plus de
protéger l'environnement par la réduction du nombre
des déchets, Annie Asselin fait uvre sociale auprès
de différents groupes de personnes esseulées. "C'est
une belle aventure et j'espère qu'elle se poursuivra longtemps!"
Depuis sa fondation en août 1993, Entrepreneuriat Laval
a contribué au démarrage de près de 200
entreprises et à la création de plus de 400 emplois
à temps complet, principalement dans la région
de Québec, dont la moitié sont occupés par
des diplômés et diplômées de l'Université.
RENÉE LAROCHELLE
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