Une famille éclatée
Les Treize présentent Électre à l'Amphithéâtre
Hydro-Québec
Une fille qui veut tuer sa mère afin de venger le
meurtre de son père. Un fils qui revient d'exil, porteur
d'un message de l'au-delà. Un univers conflictuel qui
menace d'exploser à tout moment, soutenu par des personnages
plus vrais que nature. Aucun doute: nous nageons en pleine tragédie
grecque. Et qui dit tragédie dit marche inexorable vers
le destin, sur un chemin tracé d'avance, sans aucune échappatoire
possible. C'est une rencontre avec le mythe à l'état
pur que vous proposent Les Treize à l'Amphithéâtre
Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins, les 18,
19, 20 et 21 mars à 20 h.
Dans cette histoire électrisante écrite par Euripide
vers 415 av. J.-C., les humains portent toute la responsabilité
de leurs actes sur leurs épaules. Ils doivent assumer
leur choix et cesser d'accuser le destin quand tout va mal. Comme
l'explique le metteur en scène Raymond Poirier, "Euripide
joue d'audace en préférant comme héros les
hommes aux dieux. En effet, il est plutôt rare que les
personnages ne soient pas le jouet des dieux dans la tragédie
grecque. Une oeuvre comme Électre s'avère
donc très intéressante sous cet angle. C'est une
pièce coup de poing où les émotions sont
à l'état brut et où les non-dits s'avèrent
d'une grande importance".
Pour cette pièce, Raymond Poirier a choisi un décor
épuré, aux couleurs de la terre. Les costumes respectent
l'esprit du théâtre grec de l'Antiquité et
la musique évoque la voix humaine, grâce à
un jeu de flûtes rares: "Toute la mise en scène
est basée sur l'émotion en même temps que
tout est ancré dans la réalité", souligne
cet étudiant en études anciennes, pour qui la tragédie
a le mérite d'aller au fond des choses.
Sortir de soi
Jouant le rôle d'Oreste, le frère d'Électre,
Simon Gosselin considère que son principal défi
consiste à rendre toute l'ambiguïté de ce
personnage déchiré entre le bien et le mal: "Tout
comme sa sur, explique-t-il, Orestre souhaite éliminer
Clytemnestre, cette mère indigne qui a commis la faute
impardonnable de tuer leur père bien-aimé, Agamemnon.
Mais en même temps, il sait que le meurtre de personnes
du même sang peut engendrer des conséquences très
graves." Pour cet étudiant en sciences infirmières,
faire du théâtre offre l'immense avantage de sortir
du quotidien parfois un peu lourd d'étudiant : "Même
dans un genre aussi sombre que la tragédie, cela fait
beaucoup de bien de sortir de soi-même", assure-t-il.
Et puis il y a Égisthe, amant de Clytemnestre, qui a aidé
cette dernière à tuer Agamemnon, et Crysothémis,
sur d'Électre et d'Orestre, sans compter le Précepteur.
La sagesse se fait parfois entendre dans ces destinées
qui s'entrecroisent à la recherche d'une vérité.
Mais qui dit la vérité?
Ponctuant l'action de phrases bien senties, le chur, formé
de cinq comédiens, joue en quelque sorte le rôle
d'observateur dans ce terrible huis-clos. Symbolisant le droit
de parole dans une société qui a vu naître
la démocratie, il réfléchit tout haut, donne
son avis sur la situation et éclaire les êtres dans
ce tunnel qui n'en finit plus. Sous le coup de l'orage, le chur
cherche à rassembler ces pensées éclatées
qui fusent dans tous les sens. L'horizon est bouché.
Électre en 2004? Un drame familial à voir.
Scénographie: Katia Talbot (décors) et Émily
Bélanger (costumes). Musique: Jonas Sahline. Avec Line
Bernard, Isidore Bouchard, Anne-Frédérique Champoux,
Aurélie Chevanelle- Couture, Geneviève Desnoyers,
Marie-Claude Dubuc, Simon Gosselin, Rouslan Kats, Laurent Maheux,
Marie-Ève Picard, Alexandre-Michel Poirier, Josée-Anne
Roussel et Monique Sobraqués. Les billets sont en vente
au coût de 10 $ (taxes et services en sus) sur le réseau
Billetech (643-8131 ou www.billetech.com_ et au Bureau des activités
socioculturelles (12 $ a l'entrée). Des soupers-spectacles,
organisés en collaboration avec le restaurant-bar Le Pub,
sont offerts le dimanche soir au coût de 20 $. Information
: 656-2765.
RENÉE LAROCHELLE
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