De la magie au génie
Mosto Bousmina remporte la bourse Steacie
Lorsqu'il était petit garçon, Mosto Bousmina était
fasciné par la magie. Il savait qu'il observait une illusion,
mais il se réjouissait de voir se produire ce qui en apparence
était impossible. Il savourait ces moments en essayant
de découvrir le truc derrière l'apparente illusion.
Très tôt, il a commencé à créer
ses propres tours de magie en mettant à l'essai les propriétés
particulières des matériaux qu'il trouvait: aimants,
élastiques, caoutchouc ainsi que divers solides et liquides.
Aujourd'hui, ce professeur en génie des polymères
au Département de génie chimique de la Faculté
des sciences et de génie de l'Université Laval
mélange encore des matériaux et s'efforce de comprendre
leurs propriétés fondamentales et leur potentiel
- et il suscite encore des exclamations de surprise. Quel est
le tout dernier tour de haute technologie sur lequel il travaille?
Changer un amas d'argile en une matière transparente,
ultra légère et à l'épreuve des balles.
Le professeur Bousmina est spécialiste de l'étude
de l'écoulement et des mélanges de polymères.
Son laboratoire fait figure de pionnier mondial dans ce domaine,
qu'on appelle en langage technique la rhéologie des systèmes
de polymères multiphasiques. Les travaux du professeur
Bousmina, de nature à la fois théorique et expérimentale,
se situent à l'interface de la physique, de la chimie,
de la mécanique et des sciences des matériaux avec
une bonne dose de mathématiques avancées.
"Lorsqu'on veut changer les qualités d'un matériau,
par exemple sa résistance ou sa conductivité, il
faut comprendre comment le matériau se comporte à
l'état fondu pendant le procédé de fabrication.
Il est nécessaire de comprendre comment ce matériau
s'écoule et comment la modification de son écoulement
changera les propriétés finales du matériau",
explique le professeur titulaire de la Chaire de recherche du
Canada en physique des polymères et des nanomatériaux.
Nanomatériaux
Le professeur Bousmina vient de recevoir la bourse Steacie,
l'une des plus prestigieuses distinctions en sciences et en génie
du Canada, attribuée par le Conseil de recherche en sciences
naturelles et en génie (CRSNG). La bourse s'accompagne de subventions en fonds de recherche
et d'équipement provenant du CRSNG et de la Fondation
canadienne pour l'innovation, en plus de couvrir le salaire du
professeur pendant deux ans. "Les bourses Steacie constituent
une marque de reconnaissance publique pour les réalisations
de scientifiques et d'ingénieurs exceptionnels",
a déclaré le président du CRSNG, Tom Brzustowski.
Ces bourses sont remises à des chercheurs qui ont terminé
leurs études de doctorat depuis moins de 12 ans et qui
ont déjà accompli de grandes choses dans le domaine
des sciences et du génie.
À titre de boursier Steacie du CRSNG, le professeur Bousmina
s'intéressera aux nanotechnologies, l'un des axes prioritaires
de la Faculté des sciences de génie et de l'Université
Laval. "Les nanomatériaux offrent beaucoup de possibilités
pour la création de matériaux ayant des propriétés
uniques pour des applications en aérospatial, en biomatériaux,
dans le secteur automobile, en optique-photonique, en emballage
alimentaire et pour les piles à combustible. Cependant,
ce domaine n'en est qu'à ses balbutiements, car nous ne
comprenons pas encore comment les nanoparticules se dispersent
au sein d'un matériau polymère. Il existe déjà
des produits commerciaux faits de nanomatériaux, mais
ils sont fabriqués par essais et erreur. Nous n'en comprenons
pas encore les principes scientifiques fondamentaux", explique-t-il.
Dans ses efforts pour découvrir ce que la nature nous
réserve au chapitre des nanomatériaux, l'équipe
du professeur Bousmina étudiera principalement comment
exfolier efficacement les couches nanométriques d'argile
et d'autres nanoparticules, notamment par l'utilisation des ultrasons,
des lasers et des rayons X combinés à une machine
qui génère des écoulements contrôlés
pour mesurer la quantité exacte d'énergie nécessaire
pour séparer deux couches.
Mosto Bousmina est le quatrième chercheur de l'Université
Laval à remporter le prix Steacie depuis sa création
en 1969.
|
|