
Pour une nouvelle vision de l'enseignement supérieur
En commission parlementaire, le recteur Michel Pigeon plaide
pour une modification de la formule de financement des universités
et pour l'indexation des droits de scolarité au coût
de la vie
Le mardi 24 février devant les membres de la Commission
parlementaire sur la qualité, l'accessibilité et
le financement des universités, le recteur Michel Pigeon
a demandé une modification de la formule actuelle de financement
des universités parce que selon lui celle-ci oblige les
établissements à une course malsaine et coûteuse
au recrutement des étudiants et des étudiantes.
Un exemple de cette concurrence entre établissements est
la duplication de programmes. À son campus de Lévis,
l'Université du Québec à Rimouski offre
des programmes semblables à ceux qui sont offerts à
quelques kilomètres de là par l'Université
Laval. Le recteur a également demandé au gouvernement,
au nom de l'ensemble des universités québécoises,
un réinvestissement de l'ordre de 375 millions de dollars
nécessaire pour rejoindre le niveau de financement universitaire
des autres provinces canadiennes.
Michel Pigeon a d'autre part rappelé un certain nombre
de propositions tirées du mémoire remis par l'Université
Laval à la Commission parlementaire. La direction de l'Université
propose notamment d'indexer les droits de scolarité actuels
au coût de la vie, le tout assorti d'un rattrapage de l'inflation
subie par les universités depuis 1995. "Si l'on avait
indexé les frais de scolarité à deux pour
cent par an, le système universitaire se serait bien ajusté,
a expliqué le recteur. Je ne crois pas que cela aurait
créé de dysfonctionnements ni de problèmes
d'accessibilité." Dans cette optique, la contribution
de l'étudiant au coût de sa formation représenterait
une centaine de dollars supplémentaires par an. Quant
à l'objectif de rejoindre la moyenne canadienne des droits
de scolarité, il serait abandonné. Michel Pigeon
a aussi fait une mise en garde. "Plus on attend, a-t-il
dit, plus les frais un jour vont monter vite et fort. Et c'est
là que ça risque de créer des dysfonctionnements
importants et de nuire à une certaine génération."
Le recteur a également plaidé pour l'instauration
de mécanismes de financement qui inciteraient à
une collaboration et à une concertation accrues entre
les établissements. "Par exemple, a-t-il expliqué,
le Ministère pourrait accorder un certain financement
à deux universités qui offrent conjointement le
même programme d'enseignement plutôt que de les voir
consacrer des énergies à du recrutement intensif."
Sept recommandations
Le mémoire de la direction de l'Université
Laval contient sept recommandations. L'une d'elles vise la création
d'une commission d'examen du système de financement et
d'organisation de l'enseignement universitaire du Québec.
Deux autres portent sur les ententes DEC+BAC entre des cégeps
et l'Université. Rappelons que depuis 1997 Laval a signé
42 ententes de ce type pour différents programmes d'enseignement.
Ces ententes reposent sur la reconnaissance des acquis et visent
à éviter le dédoublement des connaissances.
Une des recommandations propose d'étendre le plus possible
les ententes pour le secteur de formation technique des collèges.
L'autre vise un arrimage amélioré et continu des
programmes par l'implication directe des professeurs des deux
niveaux d'enseignement. "Ce type de collaboration est moins
coûteux pour la société québécoise
parce qu'il permet au diplômé de cégep, une
fois à l'université, de compléter ses études
universitaires une ou deux sessions plus tôt", a indiqué
Michel Pigeon.
Mémoires de la CADEUL et de l'AELIÉS
La Commission parlementaire a également reçu
les mémoires des deux grandes associations étudiantes
de l'Université Laval. La CADEUL (Confédération
des associations d'étudiants et étudiantes de l'Université
Laval) recommande le maintien du gel des frais de scolarité
afin que cela puisse, à terme, permettre une véritable
gratuité scolaire. Elle propose aussi que le régime
d'aide financière aux études couvre de façon
adéquate les besoins essentiels de l'étudiant dans
le but de limiter au minimum l'endettement des diplômés.
Un cadre léglislatif stable baliserait ces mesures.
Le mémoire de l'AELIÉS (Association des étudiantes
et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures)
propose trois scénarios dans le dossier de l'accessibilité
aux études, soit implanter la gratuité scolaire
moyennant un investissement de 300 millions de dollars, maintenir
le gel des frais de scolarité, et créer un système
d'impôt postuniversitaire. L'Association demande par ailleurs
au gouvernement de reconnaître officiellement le statut
d'étudiant-chercheur par le droit à la propriété
intellectuelle et par un financement de base.
On trouvera en ligne le texte intégral du mémoire
présenté par l'Université Laval à
la Commission parlementaire à l'adresse: http://www.ulaval.ca/rec/rectorat/Archivessitedurecteur/MemoireVersion%20finaleRecto-copie.pdf
YVON LAROSE
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