
Le talent précoce
Célestin Ferland et Jean-Sébastien
Parent: «Les cinq dollars de frais d'inscription aux ateliers
d'Entrepreneuriat Laval ont été notre meilleur
investissement.»
L'entrepreneuriat, Jean-Sébastien Parent et Célestin
Ferland l'ont dans le sang. À 20 ans, ils ont fondé
SCOCI, une entreprise spécialisée dans le développement
de logiciels pour le domaine immobilier et la comptabilité,
après avoir mis sur pied leur propre affaire, chacun de
leur côté, au sortir de l'adolescence. Une précocité
pas toujours au goût de tout le monde: plusieurs propriétaires
de locaux ont ainsi refusé de leur louer des bureaux,
laissant entendre qu'ils n'avaient pas confiance en de si jeunes
entrepreneurs. Conscients qu'en affaires la crédibilité
repose en partie sur l'image, les deux associés ont donc
choisi, pour leur dépliant promotionnel, d'utiliser la
photo d'un homme d'âge mûr penché sur son
ordinateur
À 16 ans, Célestin Ferland se sentait déjà
prêt à se lancer en affaires. Il a finalement attendu
un an de plus, à la demande de ses parents, pour démarrer
son entreprise de vente d'ordinateurs et de pièces informatiques.
C'est d'ailleurs en livrant un ordinateur à Jean-Sébastien
Parent que ces deux mordus de l'informatique ont fait connaissance.
«J'avais lancé un service de développement
de logiciels pour l'immobilier, explique Jean-Sébastien
Parent. On s'échangeait des trucs et, finalement, à
l'Université on a décidé d'unir nos deux
entreprises et de patiner sur la même patinoire.»
Un bon coup de pouce
Inscrits au baccalauréat en informatique, les deux
associés ont eu recours aux services d'Entrepreneuriat
Laval afin de consolider leurs acquis. «Les cinq dollars
de frais d'inscription aux ateliers d'Entrepreneuriat Laval constituent
le meilleur investissement qu'on ait jamais fait, se souvient
Célestin Ferland. Avec l'aide de comptables et d'avocats
venant donner des formations, nous avons pu vérifier si
nous étions sur le bon chemin ou s'il fallait corriger
le tir.» Les conseillers d'Entrepreneuriat Laval ont aussi
donné un coup de pouce aux deux associés afin qu'ils
définissent leur marché, le produit qu'ils voulaient
offrir, le lieu d'installation, des données qui constituent
le fameux plan d'affaires. «J'ai été surpris
de voir tout ce qu'on pouvait mettre dans ce document qui ressemble
à une véritable mise à nu», remarque
Jean-Sébastien Parent.
De plus en plus impliqués dans leur projet d'entreprise,
les deux étudiants ont finalement bifurqué vers
le certificat en informatique pour pouvoir terminer leur scolarité
plus rapidement. L'an dernier, ils ont d'ailleurs gagné
le deuxième prix dans la catégorie «Services»
au Concours québécois de l'entrepreneurship. Depuis
le septembre dernier, ils ont pignon sur rue et déjà
de nombreux clients, issus des carnets d'adresses de leurs premières
entreprises. Grâce à leurs économies et aux
10 000 $ du Fonds jeunes promoteurs du gouvernement du Québec,
les deux entrepreneurs ont pu acheter du matériel de bureau,
des logiciels, tout en participant à des salons d'affaires
aux côtés des fabricants du logiciel Fortune 1000.
"Nous sommes des développeurs pour ce logiciel ou
d'autres logiciels de comptabilité, explique Jean-Sébastien
Parent. Nous leur proposons des outils complémentaires
facilitant l'automatisation des tâches." Les logiciels
sur mesure conçus par les deux informaticiens de SCOCI
permettent en effet à un client d'importer certaines informations
d'une base de données. Par exemple, une secrétaire
dans une entreprise de transport n'a plus à manipuler
une facture de carburant arrivant par courriel, car cette dernière
s'intègre directement dans le système comptable.
De la même façon, un agent d'immeubles voit les
descriptions des appartements ou des maisons qu'il annonce sur
son site Internet s'actualiser automatiquement. Une liaison directe
avec des organismes comme la Chambre immobilière et le
coup de pouce de SCOCI permettent en effet une mise à
jour automatique des données.
Heureux comme des poissons dans l'eau aux commandes de leur entreprise,
les deux associés prévoient recruter l'an prochain
un employé afin de pouvoir se consacrer au développement
de nouveaux produits. Déjà les affaires marchent
bien, puisqu'ils n'ont plus à puiser dans leurs réserves
pour se verser des salaires. Et si demain un concurrent ou une
grande entreprise venait leur proposer un rachat? "Je considèrerais
l'offre, mais je repartirais une autre entreprise avec l'argent
de la vente!", confie Célestin Ferland.
PASCALE GUÉRICOLAS
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