
Pas de pilule miracle
Les médicaments anti-cholestérol
n'augmentent pas la capacité de travail du coeur
Les médicaments anti-cholestérol améliorent
le profil des lipides sanguins et la réponse physiologique
des artères, mais ils n'augmentent pas - du moins pas
à moyen terme - la capacité de travail du coeur
des personnes atteintes de maladies cardiovasculaires, rapporte
une équipe de la Faculté de médecine, dans
un récent numéro de The American Journal of
Cardiology. Peter Bogaty, Gilles Dagenais, Paul Poirier,
Luce Boyer, Lucie Auclair, Guylaine Pépin, Jean Jobin
et Marie Arsenault, du Centre de recherche de l'Hôpital
Laval, arrivent à cette conclusion après avoir
étudié l'effet de l'Atorvastatin, un médicament
qui abaisse le niveau de mauvais cholestérol sanguin,
sur différents paramètres indicatifs de la santé
du système cardiovasculaire.
Pour faire cette démonstration, les chercheurs ont soumis
à une batterie de tests 17 patients souffrant d'un rétrécissement
des artères coronaires (blocage de 70 % et plus) et d'angine
de poitrine avant qu'ils ne commencent la prise du médicament.
Les mêmes analyses répétées un an
plus tard ont révélé que le traitement avait
réduit respectivement de moitié et du tiers les
taux de mauvais cholestérol et de triglycérides
sanguins. Par ailleurs, les examens échographiques de
l'artère brachiale, avant et après administration
de produits vasodilatateurs, ont révélé
une amélioration significative de sa capacité de
dilatation. "Ce test indique qu'il y a une amélioration
de la réponse endothéliale des artères",
commente Peter Bogaty.
Par contre, un test de condition physique effectué sur
tapis roulant a produit des résultats beaucoup moins spectaculaires:
la capacité de travail du coeur, le niveau d'effort seuil
où survient l'angine de poitrine et le temps de récupération
après exercice sont demeurés inchangés.
"Nous n'écartons pas la possibilité que la
période d'un an soit trop courte pour que nous puissions
observer des changements importants dans la réponse des
sujets à l'effort physique, reconnaît Peter Bogaty.
Ou encore que le médicament ait permis de freiner une
détérioration de la condition des patients sur
une période d'un an. Par contre, il se peut que le médicament
n'ait tout simplement pas d'effet parce que les blocages sont
trop sévères."
Selon le chercheur, les résultats obtenus avec l'Atorvastatin
peuvent être extrapolés aux autres médicaments
anti-cholestérol de la famille des statines. "Nos
conclusions ne signifient pas que ces médicaments sont
inutiles, insiste-t-il. Des études antérieures
ont clairement démontré qu'ils réduisaient
les risques d'accidents cardiaques. Les compagnies qui fabriquent
ces médicaments auraient sûrement aimé que
nous prouvions que leurs produits pouvaient aussi améliorer
la réponse à l'effort, mais ce n'est pas ce que
nous avons observé."
JEAN HAMANN
|